Résumé de la décision
La décision en date du 15 octobre 2018 concerne la liquidation d'une astreinte imposée à l'État par le Conseil d'État suite à un arrêt du 24 février 2016. Cet arrêt annulait une décision implicite du Premier ministre qui avait refusé de prendre un décret d'application d'un article du code de l'action sociale et des familles relatif à l'intégration des personnes handicapées. Le Conseil d'État a ordonné au Premier ministre de prendre ce décret dans un délai de neuf mois, sous peine d'une astreinte de 100 euros par jour. Au moment de la décision, le Premier ministre n'ayant pas justifié de sa mise en œuvre, le Conseil d'État a liquidé l'astreinte pour la période concernée, s'élevant à un total de 57 000 euros, sans toutefois majorer le taux de cette astreinte.
Arguments pertinents
1. Inexécution de la décision : Le Conseil d'État a constaté que le Premier ministre n'avait pas exécuté la décision du 24 février 2016, en insistant sur l'absence de justificatif de mise en œuvre des mesures correctives attendues. Il a relevé que : "le Premier ministre doit être regardé comme n'ayant pas, à cette date, exécuté cette décision."
2. Liquidation de l'astreinte : En application de l'article L. 911-7 du code de justice administrative, le Conseil d'État a procédé à la liquidation de l'astreinte pour la période où il a été établi que l'exécution n’était pas réalisée, aboutissant à la fixation de montants spécifiques : "il y a lieu [...] de procéder au bénéfice de M. A... et de l'Association nationale pour l'intégration des personnes handicapées moteurs à la liquidation de l'astreinte."
3. Absence de majoration de l'astreinte : Le Conseil d'État a également souligné qu'il n'y avait pas lieu de majorer le taux de l'astreinte fixée initialement à 100 euros par jour, en raison des circonstances présentées. Cela a été justifié par le fait qu'aucun élément nouveau n’était survenu susceptible de justifier cette modification.
Interprétations et citations légales
- Code de justice administrative - Article L. 911-7 : Cet article stipule que "En cas d'inexécution totale ou partielle ou d'exécution tardive, la juridiction procède à la liquidation de l'astreinte qu'elle avait prononcée." L'interprétation de cet article est cruciale, car elle clarifie le rôle de la juridiction dans le processus d'exécution des décisions et la nécessité de contrôler l'absence de mise en œuvre dans le délai imparti.
- Code de l'action sociale et des familles - Article L. 146-5 : Cet article, bien que non spécifiquement cité dans les termes de la décision, est au centre de l'affaire, puisque c'est la base légale du décret que le Premier ministre était censé prendre. La référence à ce code sert à établir le cadre légal au sein duquel le Conseil d'État a agi.
Cette décision met en lumière l'importance du respect des délais imposés par une juridiction administrative ainsi que les conséquences de l'inexécution pour l'État, en confirmant que celui-ci doit répondre à ses engagements légaux en matière d'égalité et d'intégration des personnes handicapées.