Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. A... a déposé une requête auprès du juge des référés du tribunal administratif de Cergy-Pontoise afin d'enjoindre au bâtonnier de l'ordre des avocats au barreau des Hauts-de-Seine de désigner d'office Me C... pour défendre ses intérêts devant la cour d'appel de Versailles et le tribunal judiciaire de Nanterre. Il contestait également la décision du bâtonnier qui relevait son avocate désignée précédemment, en invoquant une atteinte à son droit à un procès équitable. En réponse, l'ordre des avocats a conclu à l'incompétence du tribunal administratif pour statuer sur ce litige. Le Conseil d'État a finalement annulé l'ordonnance du juge des référés, rejetant la demande de M. A... pour incompétence de la juridiction administrative.
Arguments pertinents
1. Incompétence des juridictions administratives : Le Conseil d'État a argumenté que les juridictions administratives n'ont pas compétence pour statuer sur les litiges relatifs à la désignation d'un avocat par le bâtonnier. Le juge des référés s’est ainsi reconnu à tort compétent pour traiter cette affaire.
> "il n'appartient pas aux juridictions administratives de connaître du litige né de cette action relative à la désignation d'un avocat par le bâtonnier de l'ordre des avocats."
2. Demande de mesures d'urgence : M. A... a soutenu que sa demande était justifiée par l’urgence et visait à sauvegarder une liberté fondamentale. Cependant, le Conseil d'État a précisé que le juge administratif des référés ne peut être saisi que si le litige principal échappe manifestement à la compétence administrative.
> "Le juge administratif des référés ne peut être saisi d'une demande ... que pour autant que le litige principal ... n'échappe pas manifestement à la compétence de la juridiction administrative."
Interprétations et citations légales
1. Incompétence liée à la désignation d'un avocat : Le Conseil d'État a clairement établi que les litiges concernant la désignation d’un avocat relèvent de la compétence des juridictions judiciaires, en se basant sur l'article L. 521-2 du Code de justice administrative. Cet article stipule que les juridictions administratives peuvent intervenir lorsque la demande est justifiée par l'urgence et concerne une atteinte grave à une liberté fondamentale, mais seulement si elles ont compétence pour le litige principal.
> Code de justice administrative - Article L. 521-2 : "Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale [...]"
2. Règlement des frais : Le Conseil d'État, ayant constaté l'incompétence, a ordonné à M. A... de verser une somme à l'ordre des avocats, évoquant les dispositions de l'article L. 761-1, qui permet de condamner le perdant à des frais d’avocat.
> "M. A... versera à l'ordre des avocats au barreau des Hauts-de-Seine la somme de 2 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
En somme, cette décision illustre l'importance de la compétence juridictionnelle en matière de désignation d'avocats, alors que compte tenu des circonstances, le Conseil d'État a rejeté la demande de M. A... pour incompétence, tout en imposant des frais.