Résumé de la décision
La décision concerne une demande de changement de nom introduite par M. B... A..., qui a souhaité adjoindre à son nom celui de son père. Le garde des sceaux avait initialement refusé cette demande, ce qui a été contesté par M. A... devant le tribunal administratif de Paris. Celui-ci a annulé la décision de refus. Cependant, la cour administrative d'appel de Paris, tout en statuant en faveur de M. A..., a été saisie par le garde des sceaux. Le Conseil d’État a finalement annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel, considérant que M. A... ne justifiait pas d'un intérêt légitime au sens de l'article 61 du code civil pour changer de nom, et a confirmé le refus du garde des sceaux.
Arguments pertinents
1. Intérêt légitime : Le Conseil d’État souligne que le simple souhait de changer de nom ne constitue pas un intérêt légitime suffisant pour déroger aux principes de dévolution et de fixité du nom établis par la loi. Il rappelle que "des motifs d'ordre affectif peuvent, dans des circonstances exceptionnelles, caractériser l'intérêt légitime requis" (point 2). Cependant, la demande de M. A... ne démontre pas de telles circonstances.
2. Évaluation des preuves : La cour a initialement fondé sa décision sur des témoignages qui montraient un lien d'affection entre M. A... et son père, ainsi que sur des troubles psychologiques allégués. Le Conseil d’État a estimé que ces éléments n'étaient pas suffisants, en soulignant que les troubles psychologiques étaient postérieurs à la demande, inscrivant cela dans le cadre d'une "inexacte qualification des faits" (point 5).
3. Motivation de la décision : Le Conseil d’État note que la décision du 16 janvier 2014 a été correctement motivée, en conformité avec l'article 6 du décret n° 94-52 du 20 janvier 1994, inférant que le garde des sceaux avait respecté son obligation de justification (point 10).
Interprétations et citations légales
- Code civil - Article 61 : Cet article stipule que "Toute personne qui justifie d'un intérêt légitime peut demander à changer de nom." Le Conseil d’État rappelle qu'un intérêt légitime doit être caractérisé non pas par un simple souhait, mais par "des circonstances exceptionnelles". En l'espèce, les éléments présentés par M. A... sont jugés insuffisants.
- Décret n° 94-52 du 20 janvier 1994 - Article 6 : Cet article impose une exigence de motivation pour les décisions de changement de nom. Le Conseil d’État confirme que la décision du ministre de la justice respectait cette patente obligation de motivation en énonçant clairement les raisons du refus (point 10).
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Ce texte stipule que les frais irrépétibles ne peuvent être accordés, et le Conseil d’État a décidé que les conclusions de M. A... à ce titre ne pouvaient être accueillies (point 12).
Ainsi, la décision s’appuie sur une interprétation stricte des textes légaux, soulignant la nécessité d’un intérêt légitime clairement établi pour autoriser une demande de changement de nom, et confirmant la validité des décisions administratives motivées.