Résumé de la décision
La décision examine la conformité à la Constitution des dispositions du 2° de l'article L. 232-22 du code du sport, en lien avec les questions prioritaires de constitutionnalité soulevées par M. C... et M. A... concernant l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Les demandeurs soutiennent que ces dispositions violent les principes d'indépendance et d'impartialité garantis par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Toutefois, le Conseil d'État conclut que les questions soulignées ne présentent pas un caractère sérieux et qu'il n'est donc pas nécessaire de renvoyer ces questions au Conseil constitutionnel. Ainsi, les arguments des requérants sont écartés.
Arguments pertinents
1. Indépendance et impartialité : Les requérants estiment que l'absence de séparation des fonctions au sein de l'AFLD, qui gère à la fois la poursuite et le jugement des infractions, viole le principe d'impartialité. Cependant, le Conseil d'État argue que l'AFLD, dans les cas de carence des instances fédérales, est automatiquement saisie d'office sans nécessité d'une appréciation préalable, ce qui ne porte pas atteinte à l'impartialité.
2. Caractère sérieux des questions posées : Le Conseil d'État note que les questions soulevées par M. C... et M. A... ne sont pas nouvelles et, par conséquent, ne justifient pas un renvoi au Conseil constitutionnel. La décision se base sur le fait que les critères de renouvellement des questions de constitutionnalité ne sont pas respectés, comme spécifié dans l'article 23-5 de l'ordonnance du 7 novembre 1958.
> "M. C... et M. A... ne sont pas fondés à soutenir qu'en l'absence de séparation au sein de l'Agence française de lutte contre le dopage entre, d'une part, les fonctions de poursuite des éventuels manquements et, d'autre part, les fonctions de jugement de ces manquements, les dispositions [...] méconnaîtraient le principe d'impartialité."
Interprétations et citations légales
L'analyse des textes de loi appliqués dans la décision met en lumière plusieurs points essentiels :
1. Ordonnance du 7 novembre 1958 - Article 23-5 : Cet article précise les conditions selon lesquelles une question prioritaire de constitutionnalité peut être soulevée devant le Conseil d'État, stipulant que la question doit être nouvelle ou présenter un caractère sérieux, et que la disposition contestée ne doit pas avoir été déjà déclarée conforme à la Constitution.
2. Code du sport - Article L. 232-22 : Ce texte définit les prérogatives de l'AFLD en matière de sanction, précisant que celle-ci peut intervenir en cas de carence disciplinaire des fédérations sportives. Cela renforce le caractère automatique de l'engagement des poursuites en matière de dopage :
> "L'Agence française de lutte contre le dopage exerce un pouvoir de sanction dans les conditions suivantes : [...] Elle est compétente pour infliger des sanctions disciplinaires aux personnes relevant du pouvoir disciplinaire d'une fédération sportive lorsque celle-ci n'a pas statué dans les délais prévus."
3. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - Article 16 : Cet article énonce les principes d'indépendance et d'impartialité auxquels doivent se conformer les instances judiciaires. Le Conseil d'État, dans son raisonnement, conclut que le mode d'intervention de l'AFLD, tel que réglementé sans condition préalable d'évaluation subjective, respecte intrinsèquement ces principes.
En conclusion, la décision pose des fondements clairs relatifs à la légitimité et à la compétence de l'AFLD dans la lutte contre le dopage, tout en encadrant les questions de droit constitutionnel soulevées dans le contexte du sport professionnel.