Résumé de la décision
La décision porte sur la requête du syndicat SNRT-CGT France Télévisions demandant l'annulation de l'article 3 du décret du 22 décembre 2017, qui impose la suppression des messages publicitaires dans les programmes destinés aux enfants de moins de douze ans. Ce syndicat soulève une question prioritaire de constitutionnalité sur l’article 2 de la loi du 20 décembre 2016, qui a introduit cette restriction. Toutefois, le tribunal rejette la requête au motif que le syndicat n'a pas démontré d'intérêt pour agir, car les dispositions contestées n'affectent pas directement les conditions d'emploi ou de travail des salariés de la société France Télévisions.
Arguments pertinents
1. Intérêt pour agir : Le tribunal souligne que, pour qu'un syndicat puisse agir, il doit démontrer qu'il a un intérêt légitime. Le syndicat a fait valoir que l'interdiction des messages publicitaires entraîne une perte de 19 millions d'euros pour France Télévisions, mais le tribunal déclare que cette perte est marginale par rapport aux recettes totales de l'entreprise. Par conséquent, il n'y a pas d'impact direct sur les conditions de travail des salariés :
> "les dispositions du décret du 22 décembre 2017 qu'il attaque ne sont applicables qu'aux services de médias audiovisuels à la demande et aux services de communication au public en ligne."
2. Rejet de la recevabilité : La demande d'annulation est déclarée irrecevable, car le syndicat ne justifie pas d'un intérêt à agir au sens juridique :
> "Faute pour le syndicat SNRT-GGT France Télévisions de justifier d'un intérêt lui donnant qualité pour demander l'annulation de l'article 3 du décret du 22 décembre 2017, sa requête est irrecevable et doit être rejetée."
Interprétations et citations légales
1. Loi n° 2016-1771 du 20 décembre 2016 : Cette loi a modifié l'article 53 de la loi du 30 septembre 1986 concernant la liberté de communication. Elle interdit la publicité dans les programmes destinés aux enfants de moins de douze ans, sauf pour des messages relatifs à la santé et au développement des enfants :
> "Les programmes des services nationaux de télévision... ne comportent pas de messages publicitaires autres que des messages génériques pour des biens ou services relatifs à la santé et au développement des enfants."
2. Code du travail - Article L. 2131-1 : Cet article établit que les syndicats ont pour mission la défense des droits et intérêts des membres. L'interprétation du tribunal révèle que l'impact financier allégué sur l'organisation ne suffit pas à établir un intérêt légitime lié à la défense des droits des salariés :
> "Les syndicats professionnels ont exclusivement pour objet l'étude et la défense des droits ainsi que des intérêts matériels et moraux... des personnes mentionnées dans leurs statuts."
En conclusion, la décision met en avant la nécessité pour un syndicat de prouver un intérêt direct et substantiel pour justifier une action en justice, en se fondant sur des considérations claires des textes de loi applicables et des principes juridiques régissant la légitimité d'une requête.