Résumé de la décision
La décision concerne M. A..., qui conteste une sanction d'interdiction de participation à des manifestations sportives infligée par l'Agence française de lutte contre le dopage. Dans ce cadre, il soulève une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative à l'article L. 232-22 du code du sport, qui permet à l'Agence d'infliger des sanctions disciplinaires. Le Conseil d'État, après examen des conditions de la QPC, décide de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel, considérant qu'elle soulève des enjeux sérieux quant aux droits et libertés garantis par la Constitution.
Arguments pertinents
Les arguments principaux de la décision se fondent sur les conditions nécessaires pour soulever une QPC, notamment :
1. Applicabilité : L'article L. 232-22 est applicable au litige.
2. Absence de déclaration préalable de conformité : Cette disposition n’a pas été antérieurement déclarée conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel.
3. Caractère sérieux de la question soulevée : M. A... soulève que les dispositions pertinentes pourraient porter atteinte aux principes d'indépendance et d'impartialité garantis par l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, ce qui, selon le Conseil d'État, constitue un argument sérieux.
La décision précise : « le moyen tiré de ce qu'elles portent atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution [...] soulève [...] une question présentant un caractère sérieux ».
Interprétations et citations légales
Dans son analyse, le Conseil d'État applique plusieurs textes législatifs :
1. Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 - Article 23-5 : Ce texte permet de soulever une QPC devant le Conseil d'État si cela concerne les droits garantis par la Constitution.
> « Le moyen tiré de ce qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé (...) à l'occasion d'une instance devant le Conseil d'Etat ».
2. Code du sport - Article L. 232-22 : Cet article précise les conditions dans lesquelles l'Agence française de lutte contre le dopage peut sanctionner des personnes non licenciées.
> « En cas d'infraction aux dispositions des [...] articles L. 232-9, L. 232-9-1, L. 232-10, [...] l'Agence française de lutte contre le dopage exerce un pouvoir de sanction dans les conditions suivantes : [...] 1° Elle est compétente pour infliger des sanctions disciplinaires aux personnes non licenciées ».
3. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - Article 16 : Ce texte garantit l'indépendance et l'impartialité, des principes que M. A... invoque pour justifier son recours.
> « Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution ».
La décision de renvoi souligne les préoccupations sur la confusion potentielle au sein de l'Agence française de lutte contre le dopage entre les fonctions d'appréciation des poursuites et celles de jugement, ce qui pourrait affecter le respect des droits constitutionnels. Cela illustre l'importance de garantir que les pouvoirs disciplinaires ne portent pas atteinte aux droits fondamentaux des individus concernés.
En conclusion, le Conseil d'État reconnaît la nécessité de clarifier la question de constitutionnalité soulevée afin de préserver les droits des parties impliquées, affichant un engagement envers l'état de droit et les principes constitutionnels fondamentaux.