Résumé de la décision
La décision rendue traite d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par M. B... concernant la conformité à la Constitution du 3° de l'article 5 de la loi du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence. M. B... avait contesté un arrêté préfectoral d'interdiction de séjour sur le fondement de cette loi. Le Conseil d'Etat a admis que la question présentée revêtait un caractère sérieux en matière de liberté d'aller et venir et a décidé de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel. En revanche, l'article 13 de la même loi n'a pas été jugé applicable au litige.
Arguments pertinents
1. Applicabilité au litige : Le Conseil d'Etat a constaté que les dispositions contestées du 3° de l'article 5 de la loi du 3 avril 1955 étaient effectivement applicables au litige car elles constituaient le fondement de l'arrêté préfectoral contesté. Il a noté que ces dispositions "sont applicables au litige".
2. Caractère sérieux de la question : M. B... a soutenu que les dispositions en question portaient une atteinte disproportionnée à plusieurs libertés fondamentales. Le Conseil a conclu que la question, notamment en rapport avec la liberté d'aller et venir, "présente un caractère sérieux", ce qui justifie le renvoi au Conseil constitutionnel.
3. Irrecevabilité de l'intervention de la Ligue des droits de l'homme : Le Conseil a déclaré l'intervention de la Ligue irrecevable, soulignant qu'elle n'était pas intervenue dans la procédure principale devant le tribunal administratif, ce qui est requis pour soutenir une QPC.
Interprétations et citations légales
- Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 - Article 23-4 : Cet article fixe les conditions à remplir pour qu'une question de constitutionnalité puisse être examinée par le Conseil constitutionnel, stipulant que la disposition contestée doit être applicable au litige et n'avoir pas déjà été déclarée conforme à la Constitution. Le Conseil d'Etat a appliqué ces critères pour établir la recevabilité de la question prioritaire de constitutionnalité.
- Loi n° 55-385 du 3 avril 1955 - Article 5, alinéa 3 : Cet article donne au préfet le pouvoir d'interdire le séjour à toute personne cherchant à entraver l'action des pouvoirs publics. Le Conseil d'Etat a précisé que ces dispositions sont "le fondement de l'arrêté dont M. B...demande l'annulation".
- Loi n° 55-385 du 3 avril 1955 - Article 13 : Les dispositions de cet article, qui fixent les peines encourues pour non-respect de la loi, ont été jugées non applicables au litige de M. B..., permettant ainsi de rejeter le renvoi au Conseil constitutionnel pour cet article.
En conclusion, cette décision illustre l'importance du respect des libertés fondamentales dans le cadre des dispositions relatives à l'état d'urgence et la rigueur des conditions nécessaires pour interroger la conformité d'une loi à la Constitution dans le cadre de questions prioritaires de constitutionnalité.