Résumé de la décision
La SCA des producteurs de Reblochon de la Vallée de Thônes et autres a formé une tierce opposition contre une décision du Conseil d'État datée du 17 avril 2015, qui avait annulé certaines dispositions d'un décret concernant la dénomination de "fromage fermier". Le Conseil d'État a jugé la tierce opposition recevable, puisqu'elle émane de parties n'ayant pas été représentées dans le cadre de l'instance initiale. Cependant, il a rejeté les arguments des requérants concernant la légalité des dispositions attaquées, considérant que l'affinage est une étape essentielle dans la fabrication du fromage, et a également refusé leur demande de condamnation de l'Association régionale des producteurs de fromages fermiers de Corse au titre des frais juridiques.
Arguments pertinents
1. Recevabilité de la tierce opposition :
Le Conseil d'État a validé la tierce opposition, en précisant que "toute personne qui n'a été ni appelée, ni représentée dans l'instance peut former tierce opposition à une décision du Conseil d'État rendue en matière contentieuse" (Article R. 832-1 du code de justice administrative).
2. Légalité des dispositions annulées :
En ce qui concerne le fond, le Conseil d'État a jugé que l'affinage, comme "partie intégrante du processus de fabrication, qu'il parachève, d'un fromage dit 'affiné'", ne peut être détaché de la définition de "fromage fermier". Le Conseil a donc écarté tout argument selon lequel l'affinage ne serait pas inclus dans le processus de fabrication.
3. Responsabilité du producteur :
La cour a également noté que les dispositions contestées ne garantissent pas l'exclusion des techniques industrielles en cas d'affinage à l'extérieur de l'exploitation.
Interprétations et citations légales
1. Article R. 832-1 du code de justice administrative :
Cet article précise les modalités de recevant des tierces oppositions, ce qui permet à ceux qui n'ont pas pu se défendre lors d'une instance initiale de contester une décision : "toute personne qui n'a été ni appelée, ni représentée dans l'instance peut former tierce opposition". Cela confirme le droit des parties à être entendues.
2. Décret n° 2007-688 du 27 avril 2007 - Article 9-1 :
Le premier alinéa stipule que “la dénomination 'fromage fermier' est réservée à un fromage fabriqué selon des techniques traditionnelles". Ce texte a été interprété par le Conseil d'État pour signifier que le processus d'affinage fait partie intégrante de cette fabrication, ce qui sous-entend l'importance de la continuité de la responsabilité du producteur.
3. Principes de fabrication :
Le Conseil a conclu que la dénomination "fromage fermier" est liée à l'ensemble des étapes de fabrication, y compris l'affinage, ce qui soulève des questions sur la pratique de partage des responsabilités en cas d'affinage hors exploitation.
En résumé, la décision du Conseil d'État souligne l'importance du droit à la représentation et la nécessité de protéger les dénominations valorisant les méthodes traditionnelles de fabrication, tout en affirmant que les normes de fabrication doivent intégrer toutes les phases de production, y compris l'affinage.