Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme A... a obtenu la nationalité française par décret du 2 septembre 2016 et a demandé la modification de ce décret pour y inclure le nom de sa fille, Omichessan Maéra Emma Fatoumata, née le 2 mars 2016. Le ministre d'État a refusé cette demande par une décision du 21 juillet 2017. Le Conseil d'État a annulé cette décision, confirmant que Mme A... avait effectivement informé les autorités de la naissance de sa fille. Il a également enjoint au ministre de proposer au Premier ministre la modification du décret dans un délai de deux mois et a condamné l'État à verser 1 500 euros à Mme A... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Notification de la naissance : Le Conseil d'État a argumenté que Mme A... avait dûment informé l'administration de la naissance de sa fille. En effet, Mme A... a présenté l'acte de naissance de sa fille à deux reprises aux services de la préfecture, ce qui montre qu'elle a respecté son obligation d'information à l'égard des autorités. En conséquence, le Conseil a souligné que « Mme A... est fondée à soutenir que le refus de modifier le décret pour y porter le nom de sa fille méconnaît les dispositions de l'article 22-1 du code civil. »
2. Séparation des parents : Le Conseil d'État a précisé que les conditions d’application de l'article 22-1 du Code civil étaient remplies, notamment concernant la résidence de l'enfant au domicile de la mère. Le droit français stipule que l’enfant mineur devient français si l’un des parents acquiert la nationalité, si ce dernier porte à la connaissance de l’administration la naissance de l’enfant.
Interprétations et citations légales
1. Application de l'article 22-1 du Code civil : Cet article stipule que « l'enfant mineur dont l'un des deux parents acquiert la nationalité française, devient français de plein droit s'il a la même résidence habituelle que ce parent ou s'il réside alternativement avec ce parent dans le cas de séparation ou divorce. » Cela signifie que la régularité des démarches entreprises par Mme A... pour informer les autorités est cruciale pour la reconnaissance de la nationalité française de sa fille.
2. Critères de résidence et d'information : Le Conseil d'État a rappelé que pour qu’un enfant puisse bénéficier de la nationalité française suite à l’acquisition par un parent, il devait non seulement y avoir une notification préalable de sa naissance, mais également une résidence stable avec le parent ayant acquis la nationalité. Cela est en cohérence avec le principe que « l'existence de l'enfant doit être portée à la connaissance de l'administration ».
3. Condamnation des frais de justice : Concernant la condamnation à payer 1 500 euros à Mme A... pour couvrir les frais engagés, le Conseil d'État a évoqué l'article L. 761-1 du Code de justice administrative, qui permet de mettre à la charge de l'État une somme à titre d'indemnisation des frais non compris dans les dépens.
Ces éléments montrent que la décision du Conseil d'État s'inscrit dans une logique de protection des droits des enfants et des parents, tout en respectant les procédures administratives en vigueur.