Résumé de la décision :
M. A... B... a acquis la nationalité française par décret en 2012. En 2018, il a demandé la modification de ce décret pour que ses enfants, Zineb et Abdellah B..., bénéficient de la nationalité française en raison de sa naturalisation. Le ministre de l'intérieur a refusé cette demande le 19 mars 2019. M. B... a alors saisi le Conseil d'État pour obtenir l'annulation de cette décision. Toutefois, le Conseil d'État a rejeté sa requête, affirmant que les enfants ne résidaient pas habituellement avec lui au moment de la naturalisation, condition nécessaire pour qu'ils deviennent français de plein droit.Arguments pertinents :
1. Résidence habituelle des enfants : L'article 22-1 du Code civil stipule que l'enfant mineur d'un parent ayant acquis la nationalité française devient français de plein droit sous certaines conditions, notamment celle de la résidence. En l'occurrence, il est établi que Zineb et Abdellah résidaient avec leur mère au Maroc, ce qui empêche leur qualification en tant que résidents habituels ou alternatifs avec leur père.2. Non prise en compte du livret de famille : Le Conseil souligne que la mention des enfants dans le livret de famille de M. B... ne change pas la situation relative à leur résidence, ne permettant pas d'affirmer qu'ils remplissent les conditions de la nationalité au sens de l'article 22-1 du Code civil.
3. Précision sur la notification à l'administration : La décision clarifie qu'il incombe au parent d'informer l'administration de l'existence de l'enfant au moment de la demande, ce qui n'a pas été fait dans le cas présent.
Interprétations et citations légales :
- Résidence des enfants : La décision repose sur le caractère strict des dispositions de l'article 22-1 du Code civil, qui précise que l'enfant devient français de plein droit "s'il a la même résidence habituelle que ce parent ou s'il réside alternativement avec ce parent". Ici, le Conseil d'État a affirmé que la résidence des enfants en dehors de la France, et non avec leur père, ne permettait pas de les considérer comme résident habituel.- Conditions pour la nationalité : L'influence de l'article 22-1 est cruciale puisque ce dernier stipule que les dispositions "ne sont applicables à l'enfant d'une personne qui acquiert la nationalité française que si son nom est mentionné dans le décret". Cela rappelle que le simple fait d'être mentionné dans un acte d'état civil ne suffit pas pour garantir l'accession à la nationalité sans les préalables requis.
La décision réaffirme les principes énoncés dans le Code civil et insiste sur le fait qu'il ne suffit pas de remplir certaines conditions administratives ou de liens familiaux pour obtenir la nationalité française, mais que des critères de résidence sont indispensables pour justifier cette acquisition.