Résumé de la décision
La décision concerne le refus du ministre d'État, ministre de l'intérieur, de modifier un décret du 26 avril 2017, qui accordait la nationalité française à Mme A..., afin d'inclure le nom de sa fille, Alyah, née peu avant ce décret. Après examen, le Conseil d'État annule la décision du ministre, considérant que Mme A... était dans l'impossibilité de signaler la naissance de sa fille avant la signature du décret, en raison de circonstances particulières. Le Conseil enjoint également le ministre de modifier le décret pour y inclure le nom de l'enfant dans un délai de deux mois et condamne l'État à verser 1 500 euros à Mme A... pour les frais engagés.
Arguments pertinents
1. Impossibilité de notification à l'administration : Le Conseil d'État a considéré que Mme A... ne pouvait pas faire connaître la naissance de sa fille à l'administration en raison de la proximité de la naissance avec la signature du décret. Cette impossibilité est précisée par l'examen des circonstances de l'espèce, établissant que la demande de naturalisation avait été déposée avant la naissance.
2. Démarches antérieures de Mme A... : Le jugement souligne que Mme A... avait déjà avisé les autorités de sa grossesse en fournissant un certificat médical avant la naissance, ce qui témoigne de sa bonne foi et des démarches effectuées pour signaler la situation à l'administration. La décision précise : « ...sans qu'aucun récépissé ne lui ait été remis », ce qui souligne une défaillance administrative.
3. Violated rights : En n’étendant pas le bénéfice de la nationalité française à la fille, le ministre aurait méconnu les dispositions de l'article 22-1 du Code civil, concernant le droit à la nationalité de l'enfant de parent naturalisé.
Interprétations et citations légales
L'interprétation des textes de loi dans la décision repose principalement sur l'application de l'article 22-1 du Code civil, qui stipule les conditions d'acquisition de la nationalité française pour les enfants à la suite de la naturalisation d'un parent.
- Code civil - Article 22-1 : « L'enfant mineur dont l'un des deux parents acquiert la nationalité française devient français de plein droit s'il a la même résidence habituelle que ce parent ou s'il réside alternativement avec ce parent dans le cas de séparation ou divorce. »
Cet article établit des critères clairs pour l'acquisition de la nationalité par les enfants mineurs, liés à la résidence et à la connaissance de l'existence de l'enfant par l'administration au moment de la naturalisation du parent. Le Conseil d'État a interprété cet article de manière à appliquer une certaine flexibilité en reconnaissant l'impossibilité de Mme A... de notifier la naissance dans le contexte particulier de sa naturalisation.
Cette décision illustre l’importance de la prise en compte des circonstances personnelles et des défaillances administratives dans la décision des droits de nationalité, tout en renforçant les droits des enfants à la nationalité respective de leurs parents naturalisés.