Résumé de la décision
Dans cette affaire, le Premier ministre a décidé d'accorder l'extradition de M. A... B..., un ressortissant brésilien, aux autorités brésiliennes pour l'exécution d'un mandat d'arrêt daté du 3 avril 2017, relatif à des faits de meurtre aggravé. M. B... a contesté cette décision par le biais d'une requête en annulation pour excès de pouvoir, mais son recours a été rejeté par le Conseil d'État. La décision confirme que les engagements pris par le Brésil concernant les conditions de détention de M. B..., ainsi que le maintien de la demande d'extradition par les autorités brésiliennes, justifient l'exécution de cette extradition.
Arguments pertinents
1. Motivation du décret : Le décret d'extradition se conforme à l'exigence de motivation établie par le Code des relations entre le public et l'administration, en fournissant les considérations de fait et de droit qui le soutiennent. Cela répond à l'article L. 211-5 de ce code.
2. Risques de traitements inhumains : La cour a rejeté l'argument selon lequel l'extradition exposerait M. B... à des traitements inhumains ou dégradants, soulignant que "les seules considérations générales dont il se prévaut ne permettent pas d'établir l'existence des risques personnels qu'il allègue".
3. Actualité de la demande d’extradition : La demande d'extradition maintenue par les autorités brésiliennes, confirmée par voie diplomatique, a été jugée suffisante, contredisant l'argument de M. B... concernant l'ancienneté de cette demande.
4. Droit au respect de la vie familiale : Une reconnaissance a été faite sur le fait qu'une extradition pourrait affecter la vie privée et familiale. Toutefois, cela ne suffit pas à empêcher l'extradition, car "dans l'intérêt de l'ordre public", il est souvent nécessaire d'exécuter de telles demandes, indépendamment de la situation familiale du requérant.
Interprétations et citations légales
1. Code des relations entre le public et l'administration - Article L. 211-5 : Cet article impose une obligation de motivation dans les actes administratifs. La décision a confirmé que le décret concerné respectait cette exigence, affirmant qu'il énonçait les considérations de fait et de droit.
2. Convention Européenne des Droits de l'Homme - Article 3 : Ce texte interdit les traitements inhumains ou dégradants. La décision note qu'"il ressort des pièces du dossier que les autorités brésiliennes ont, dans le cadre de la présente procédure d'extradition, pris des engagements sur ses conditions et lieux de détention". Cela a été crucial pour écarter les craintes soulevées par M. B...
3. Convention bilatérale d'extradition - Articles 2 et 10 : La cour a signalé que ces articles ont été respectés, notamment en ce qui concerne la mise à jour de la demande d'extradition, celle-ci ayant été maintenue par les autorités brésiliennes.
4. Convention Européenne des Droits de l'Homme - Article 8 : Bien que ce droit puisse être affecté par une extradition, la cour a conclu que "la circonstance que l'intéressé ait une compagne de nationalité française et soit le père de deux jeunes enfants nés en France n'est pas de nature à faire obstacle, dans l'intérêt de l'ordre public, à l'exécution de son extradition".
La décision met ainsi en avant une balance délicate entre le respect des droits individuels et l'impératif d'ordre public qui sous-tend la procédure d'extradition.