Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. A... a contesté une décision du préfet de Mayotte qui lui imposait une obligation de quitter le territoire français. La notification lui ayant été faite le 21 janvier 2020, il devait initialement présenter un recours dans un délai de deux mois. Cependant, la procédure administrative a été impactée par l'état d'urgence sanitaire lié à la COVID-19. Le juge des référés du tribunal administratif de Mayotte a déclaré son recours tardif, ce qui a conduit M. A... à interjeter appel. Le Conseil d'État a finalement annulé l'ordonnance du juge des référés, reconnaissant une erreur de droit dans l'interprétation des délais de recours, et a ordonné que l'État paie à l'avocat de M. A... une somme de 2 400 euros au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit sur le délai de recours : Le juge des référés a mal appliqué le droit en considérant le recours de M. A... comme tardif. En vertu des ordonnances liées à l'état d'urgence, les délais de recours étaient prorogés, permettant à M. A... de contester la décision en temps utile.
> "Il disposait d'un délai de deux mois à compter du lendemain de la cessation de l'état d'urgence sanitaire pour présenter ce recours."
2. Droit à l'aide juridictionnelle : La décision reconnaît également le droit de M. A... à bénéficier de l'aide juridictionnelle, justifiant la prise en charge des frais de son avocat par l'État.
> "M. A... a obtenu le bénéfice de l'aide juridictionnelle."
Interprétations et citations légales
1. Prorogation des délais : L'interprétation des dispositions des ordonnances n° 2020-305 et n° 2020-306 est essentielle. Ces textes stipulent que les recours non effectués durant l'état d'urgence sanitaire sont réputés faits à temps s'ils sont présentés après la cessation de celui-ci.
- Ordonnance n° 2020-305 - Article 15 : "Les recours contre les obligations de quitter le territoire français, qui auraient dû être accomplis pendant la période comprise entre le 12 mars 2020 et la cessation de l'état d'urgence sanitaire, sont réputés avoir été faits à temps s'ils ont été effectués dans le délai imparti pour agir à compter du lendemain de la cessation de l'état d'urgence sanitaire."
2. Droit aux frais de justice : L'article L. 761-1 du Code de justice administrative stipule que le juge peut mettre à la charge de l'État les frais exposés par une partie qui a bénéficié de l'aide juridictionnelle.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : "Dans les instances devant les juridictions administratives, l'État peut être condamné à verser une somme au titre des frais exposés par la partie qui a été nécessairement mise en cause."
Ces textes montrent l'importance de respecter les procédures spécialement adaptées aux circonstances exceptionnelles, garantissant ainsi le droit d'accès à la justice pour les citoyens même en période de crise.