Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme A... B... conteste un décret du 25 juin 1980 qui a prononcé sa libération des liens d'allégeance avec la France, en se basant sur des exigences juridiques liées à la nationalité française. Elle dépose sa requête devant le Conseil d'État le 13 mars 2019, soit plus de trois ans après avoir atteint l'âge de la majorité. Le Conseil d'État rejette sa requête pour tardivité, considérant qu'elle n'a pas agi dans un délai raisonnable conformément aux principes de la sécurité juridique.
Arguments pertinents
1. Tardivité de la requête : Le Conseil d'État souligne que la requête de Mme B... est irrecevable en raison de la date à laquelle elle a été déposée. En effet, elle a attendu plus de trois ans après sa majorité pour contester le décret, ce qui va à l'encontre du principe de sécurité juridique qui s'applique à la contestation des décisions administratives.
Citation pertinente : "Par suite, en l'absence de circonstances particulières, le ministre de l'intérieur est fondé à soutenir que la requête de Mme B... est irrecevable en raison de sa tardiveté et doit être rejetée."
2. Conditions de demande de perte de nationalité : Le tribunal rappelle les conditions précises stipulées dans le Code de la nationalité française concernant la perte de nationalité pour les mineurs, soulignant que toute demande doit être faite avec un consentement éclairé de l'intéressé ou, pour les enfants de moins de seize ans, par les personnes exerçant l'autorité parentale.
Interprétations et citations légales
1. Article 91 du Code de la nationalité française : Cet article précise qu'un individu perd la nationalité française s'il reçoit l'autorisation de le faire par décret, et que les mineurs doivent obtenir l'accord de leurs représentants légaux pour toute demande de perte. Sa rédaction met l'accent sur le besoin d'impliquer l'individu concerné dans la procédure de renonciation à sa nationalité à partir d'un certain âge.
Citation : "Perd la nationalité française, le Français même mineur, qui, ayant une nationalité étrangère, est autorisé, sur sa demande, par le Gouvernement français, à perdre la qualité de Français."
2. Principe de sécurité juridique : Le Conseil d'État évoque ce principe pour justifier la nécessité de respecter un délai raisonnable pour contester les décisions publiques. Cela garantit qu'une décision administrative, une fois notifiée ou connue, ne peut pas être remise en cause indéfiniment.
Citation : "Le principe de sécurité juridique, qui implique que ne puissent être remises en cause sans condition de délai des situations consolidées par l'effet du temps..."
L'application de ces principes légaux a conduit à la conclusion que les délais de recours fixés par le Code de justice administrative ne peuvent être ignorés, sauf circonstances particulières, ce qui n'est pas le cas ici, entraînant le rejet de la requête.
En résumé, la décision illustre le strict respect des procédures administratives et des délais, ainsi que l'importance d'interroger le consentement des personnes concernées dans les questions de nationalité, tout en protégeant la sécurité juridique.