Résumé de la décision
M. A..., qui a acquis la nationalité française par décret en 2008, a demandé la modification de ce décret afin que ses deux enfants, nés au Sénégal en 2007, puissent également bénéficier de la nationalité française. Le ministre de l'intérieur a rejeté cette demande par une décision du 7 décembre 2018. M. A... a saisi le Conseil d'État pour annuler cette décision, arguant que ses enfants avaient droit à la nationalité française en vertu du Code civil. Cependant, le Conseil d'État a confirmé le refus du ministre, considérant que les conditions légales d'attribution de la nationalité n'étaient pas remplies.
Arguments pertinents
1. Méconnaissance de l'application de l'article 18 du Code civil :
M. A... a soutenu que la décision du ministre méconnaissait l'article 18 du Code civil, qui stipule que "Est français l'enfant dont l'un des parents au moins est français". Toutefois, le Conseil d'État a précisé que cette disposition ne lui était pas applicable ici, car elle concerne l'attribution de la nationalité française à la naissance en fonction de la filiation.
2. Interprétation de l'article 22-1 du Code civil :
Selon l'article 22-1 du Code civil : "L'enfant mineur dont l'un des deux parents acquiert la nationalité française, devient français de plein droit s'il a la même résidence habituelle que ce parent ou s'il réside alternativement avec ce parent dans le cas de séparation ou divorce." Le Conseil a rappelé que pour bénéficier de cette disposition, l'enfant doit être mentionné dans le décret de naturalisation du parent, ce qui n'était pas le cas.
3. Conditions de notification et de résidence :
Le Conseil d'État a conclu que M. A... n'avait pas informé l'administration de l'existence de ses enfants avant la signature du décret de naturalisation et que, par conséquent, ces enfants ne pouvaient pas bénéficier de l'acquisition de la nationalité française par leur père.
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État a rigoureusement interprété les dispositions des articles applicables dans cette affaire.
- Code civil - Article 18 :
"Est français l'enfant dont l'un des parents au moins est français".
Dans ce cas, cet article se rapporte à l'attribution de la nationalité à la naissance et ne peut être invoqué par M. A... car ses enfants n'étaient pas reconnus avant la signature du décret.
- Code civil - Article 22-1 :
"L'enfant mineur dont l'un des deux parents acquiert la nationalité française, devient français de plein droit s'il a la même résidence habituelle que ce parent ou s'il réside alternativement avec ce parent dans le cas de séparation ou divorce."
Cet article impose des conditions cumulatives qui n'ont pas été respectées en raison de l'absence de déclaration de l'existence des enfants auprès de l'administration.
Le Conseil d'État a affirmé qu'en l'absence d'une mention des enfants dans le décret de naturalisation et étant donné qu'il n'y a pas eu de notification préalable de leur existence, M. A... ne pouvait pas revendiquer la nationalité française pour ses enfants. La décision du ministre a donc été jugée conforme aux exigences légales.