Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. D... A... et Mme B... C... ont contesté une ordonnance rendue le 31 décembre 2019 par le juge des référés du tribunal administratif de Dijon, qui avait ordonné leur expulsion d'un logement d'hébergement d'urgence pour demandeurs d'asile. Les requérants ont plaidé que cette ordonnance avait été prise à la suite d'une procédure irrégulière, car ils n'avaient pas été préalablement informés de l'audience. Le Conseil d'État a annulé l'ordonnance du juge des référés, constatant la violation du principe du contradictoire en raison de la notification tardive.
Arguments pertinents
1. Procédure irrégulière : Le Conseil d'État a conclu que, bien qu'il soit possible pour le juge des référés de statuer sans audience, il doit, en cas de tenue d'audience, aviser les parties en respectant le principe du contradictoire. Cependant, dans cette affaire, le préfet a notifié sa demande seulement 34 minutes avant le début de l'audience, privant ainsi les requérants de la possibilité de se défendre. Citant l'article L. 521-3 du code de justice administrative, le texte précise que « le juge des référés peut ordonner toutes autres mesures utiles sans faire obstacle à l'exécution d'aucune décision administrative », mais cela doit être fait dans le respect des droits de la défense.
2. Droit à l’assistance judiciaire : Étant donné que M. A... et Mme C... bénéficient de l'aide juridictionnelle, le Conseil d'État a décidé de mettre à la charge de l'État une somme de 1 500 euros au titre des frais d’avocat, conformément aux articles L. 761-1 du code de justice administrative et 37 de la loi du 10 juillet 1991.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-3 du Code de justice administrative :
- Ce texte établit le cadre pour l’indemnisation d’urgence par le juge des référés, permettant des mesures sans audience mais tout en imposant le respect des droits de la défense. La phrase clé ici est que le juge doit "ordonnancer toutes autres mesures utiles", conditionné par le respect du contradictoire lorsque l’audience se tient.
2. Article R. 711-2 du Code de justice administrative :
- Il stipule que "toute partie est avertie, par une notification faite par lettre recommandée...", ce qui souligne l'importance de la notification en temps utile pour garantir le droit à la défense. Dans cette affaire, le non-respect de cette règle a conduit à la nullité de l’ordonnance.
3. Article R. 611-4 du Code de justice administrative :
- Concernant la notification administrative, s'il n'y a pas de récépissé, un procès-verbal doit être dressé. L'absence de notification adéquate dans les délais requis a été fondamentale dans l'appréciation de la validité de la procédure.
En résumé, l'arrêt du Conseil d'État illustre l'importance des garanties procédurales et du respect des droits de la défense dans le cadre des décisions de justice administrative, tout en mettant en lumière les implications financières pour l'État en cas de procédure viciée.