Résumé de la décision :
La société Résidences Services Gestion a sollicité une réduction des cotisations de taxe professionnelle pour un établissement situé à Nancy, en se fondant sur un jugement antérieur du tribunal administratif de Lille qui avait accordé une réduction similaires pour un autre établissement à Lille. Cependant, l’administration a rejeté la réclamation pour tardivité. La cour administrative d'appel de Versailles a annulé le jugement de rejet et accordé la réduction demandée. En cassation, le Conseil d'État a annulé cette décision en considérant que le jugement de Lille ne constituait pas un événement ouvrant un nouveau délai de réclamation pour la cotisation contestée à Nancy. Ainsi, les demandes de la société ont été déclarées irrecevables.
Arguments pertinents :
1. Irrecevabilité de la réclamation : Le Conseil d'État a statué que la réclamation de la société Résidences Services Gestion était tardive, la requête ayant été faite le 2 septembre 2008, alors que les cotisations avaient été mises en recouvrement en 2004 et 2005. Cela constitue une violation de l'article R. 196-2, qui stipule que les réclamations doivent être faites au plus tard un an après l'année de la mise en recouvrement.
2. Absence d'incidence directe : Le jugement du 10 avril 2008 du tribunal administratif de Lille, qui concernait un autre établissement, n'a pas eu d'incidence sur le principe ou le mode de calcul des impositions en litige à Nancy. Le Conseil d'État a donc considéré que ce jugement ne pouvait pas rouvrir le délai de réclamation.
> "En jugeant que le jugement du 10 avril 2008 [...] constituait un événement [...] susceptible de rouvrir le délai de réclamation, la cour administrative d'appel a commis une erreur de droit..."
Interprétations et citations légales :
Le Conseil d'État s'est appuyé sur les interprétations des dispositions du livre des procédures fiscales, particulièrement l'article R. 196-2 qui régit la recevabilité des réclamations d'impôts directs locaux.
- Code général des impôts - Article R. 196-2 : Les réclamations doivent être effectuées dans un délai d’un an suivant la mise en recouvrement ou l’année de réalisation de l’événement à l’origine de la réclamation.
Le Conseil d'État a précisé que seuls des événements ayant une incidence directe sur le principe même des impositions doivent être considérés pour rouvrir le délai. Ainsi, il a conclu que les décisions rendues dans d'autres affaires, même lorsqu'elles impliquent la même société, ne sauraient servir d'argument valide pour contester des cotisations d'impôt dans un contexte distinct.
Enfin, le Conseil a noté que dans cette situation, les recours présentés par la société étaient fondés sur une interprétation erronée de ce que constitue un "événement" susceptible de rouvrir un délai de réclamation.
> "Seuls doivent être regardés comme constituant le point de départ du délai [...] les événements qui ont une incidence directe sur le principe même de l'imposition, son régime ou son mode de calcul."
Ainsi, les conclusions de la société ont été rejetées, confirmant l'irrecevabilité de sa demande.