Résumé de la décision
M. B..., membre de la société de fait Armement Avallone Frères, a demandé au Conseil d'État de renvoyer au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité concernant l'article 238 bis M du Code général des impôts. Cet article impose aux membres de sociétés de fait d'inscrire les biens en commun à l'actif de la société. Le Conseil d'État a jugé que cette question ne présentait pas de caractère sérieux et n'était pas nouvelle, rejetant ainsi la demande de renvoi au Conseil constitutionnel.
Arguments pertinents
1. Conformité aux droits et libertés : Le Conseil d'État a affirmé que l'article 238 bis M ne crée pas de charges excessives pour les contribuables par rapport à leurs facultés contributives, ainsi il ne méconnaît pas le principe d'égalité devant les charges publiques. Cela est soutenu par la phrase suivante : « il ne saurait être regardé comme faisant peser sur les contribuables des charges excessives au regard de leurs facultés contributives ».
2. Clarté des dispositions : Le Conseil a noté que les dispositions de l'article 238 bis M ne présentaient aucune ambiguïté qui pourrait nuire à la sécurité juridique. Il a donc conclu qu'elles respectent l'objectif constitutionnel d'intelligibilité et d'accessibilité de la loi. Cette conclusion est renforcée par l'affirmation : « elles ne peuvent être regardées comme une source d'insécurité juridique à raison de leur ambiguïté ou de leur caractère contradictoire ou incompréhensible ».
3. Absence de nouveauté et de sérieux : Le Conseil a déterminé que la question soulevée n'était pas nouvelle et ne présentait pas de caractère sérieux. Par conséquent, il a refusé le renvoi au Conseil constitutionnel, comme indiqué dans le dernier considérant qui conclut : « la question prioritaire de constitutionnalité soulevée, qui n'est pas nouvelle, ne présente pas de caractère sérieux ».
Interprétations et citations légales
- Code général des impôts - Article 238 bis M : Cet article stipule que « les sociétés en participation doivent, pour l'application des articles 8 et 60, inscrire à leur actif les biens dont les associés ont convenu de mettre la propriété en commun ». Cette disposition est jugée claire et ne cause pas d'inconvénients juridiques ou pratiques aux contribuables.
- Code civil - Article 1871 : Le second alinéa de cet article précise que « les associés conviennent librement de l'objet du fonctionnement et des conditions de la société en participation ». Cette liberté contractuelle permet aux associés de définir les modalités de gestion de leur société, renforçant ainsi l'idée que l'article 238 bis M ne restreint pas leurs droits.
L'analyse de la décision révèle que le Conseil d'État a opéré une interprétation rigoureuse des textes en considérant leurs implications et les conditions de faisabilité des charges fiscales imposées aux sociétés de fait.