Résumé de la décision
Dans cette affaire, le ministre des finances et des comptes publics a contesté un arrêt de la cour administrative d'appel de Lyon daté du 28 mai 2015, qui avait réduit le montant des revenus réputés distribués à M. A..., gérant de la SARL F2E, et avait prononcé la décharge des majorations pour manquement délibéré. Le Conseil d'État a statué en faveur du ministre, annulant l'arrêt de la cour administrative d'appel, considérant que celle-ci avait commis une erreur de droit en jugeant que la qualité de M. A... en tant que maître de l'affaire n'était pas déterminante pour établir la perception des distributions imposables.
Arguments pertinents
1. Preuve des distributions occultes : Selon l'article 111 du code général des impôts, l'administration doit prouver que des distributions occultes ont été appréhendées par le maître de l'affaire. Le Conseil d'État a souligné que le ministre, qui faisait valoir sans contestation que M. A... exerçait un contrôle total sur la société, était fondé à affirmer que M. A... devait être considéré comme ayant bénéficié des distributions en sa qualité de maître de l'affaire.
> "la cour (...) a commis une erreur de droit ; que, par suite... le ministre des finances et des comptes publics est fondé à demander l'annulation de l'arrêt qu'il attaque."
2. Application de la présomption : Le Conseil d'État a rappelé que, dans le cadre de l'application de l'article 111, le statut de M. A... en tant que gérant et associé majoritaire de la SARL F2E impliquait que les distributions effectuées par la société étaient présumées lui avoir été appréhendées.
> "en sa qualité de maître de l'affaire l'intéressé était réputé avoir appréhendé les distributions effectuées par la société placée sous son contrôle."
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l'article 111 du code général des impôts : L'article 111 c) stipule que les rémunérations et avantages occultes sont considérés comme des revenus distribués. Cela impose à l'administration la charge de prouver que ces avantages ont été appréhendés par le responsable de la société. Dans cette décision, le Conseil d'État interprète cette disposition de manière à affirmer que la présomption de perception s'applique à un gérant ayant un contrôle total sur une société.
- Code général des impôts - Article 111 : "Sont notamment considérés comme revenus distribués : (...) c. Les rémunérations et avantages occultes."
2. Conséquences juridiques de la décision : Cette décision souligne l’importance du rôle de gérant dans les sociétés pour l’imposition des revenus occultes. Elle affirme que la qualité de maître de l'affaire confère une présomption largement favorable à l’administration fiscale pour prouver l’existence de revenus distribués.
- L'interprétation jurisprudentielle que fait le Conseil d'État de l'article en question pourra servir de référence dans les futurs litiges concernant les distributions occultes en matière fiscale, en renforçant la position de l'administration fiscale dans les cas où un associé exerce un contrôle substantiel sur une société.
En somme, cette décision illustre comment le cadre réglementaire et les circonstances de gestion peuvent influencer les obligations fiscales des gérants d'entreprise, tout en démontrant la prépondérance de certaines présomptions juridiques en matière de fiscalité.