Résumé de la décision
M. A... a déclaré en 2013 un revenu différé de 46 771 euros, correspondant à des arriérés de salaires pour les années 2002 à 2008, et a demandé à bénéficier de la méthode de calcul du "quotient" pour l'imposition de ce revenu, en plus de ses autres revenus professionnels de 25 311 euros. L'administration fiscale a rejeté sa demande en déduisant 5 824 euros de frais professionnels de manière prorata entre les revenus ordinaires et le revenu différé. Après avoir contesté cette décision devant le tribunal administratif puis la cour administrative d'appel, M. A... a vu sa demande rejetée. La décision de la cour administrative d'appel a été annulée par le Conseil d'État, qui a jugé que l'administration avait commis une erreur de droit en ne vérifiant pas si les frais professionnels déclarés avaient été exposés pour acquérir le revenu différé. M. A... a également obtenu une indemnité de 3 000 euros à la charge de l'État.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit sur la répartition des frais professionnels : Le Conseil d'État a souligné que l'administration fiscale a illégalement réparti les frais professionnels déclarés sans vérifier leur lien avec le revenu différé. En effet, "en l'absence d'indication sur les frais réels exposés de 2002 à 2008, l'administration avait pu légalement répartir les 5 824 euros de frais professionnels déclarés au titre de l'année 2013 au prorata des revenus dits 'ordinaires' d'un montant de 23 511 euros et des revenus différés d'un montant de 46 771 euros".
2. Droit à la déduction des charges : Le Conseil d'État a rappelé que, selon le Code général des impôts, "au titre de l'année au cours de laquelle un revenu différé a été perçu, peuvent être déduites de ce revenu les charges déclarées au réel au titre de cette année qui ont été exposées en vue de son acquisition".
Interprétations et citations légales
1. Code général des impôts - Article 13 : Cet article définit le revenu imposable comme l'excédent du produit brut sur les dépenses engagées pour l'acquisition et la conservation du revenu. Cela implique que les frais professionnels doivent être justifiés et liés à l'acquisition des revenus.
2. Code général des impôts - Article 83 : Cet article précise que les frais professionnels peuvent être déduits, soit forfaitairement à hauteur de 10 %, soit au réel, ce qui est pertinent pour M. A... qui a opté pour la déduction au réel.
3. Code général des impôts - Article 163-0 A : Cet article permet de calculer l'impôt sur le revenu différé en utilisant la méthode du "quotient", afin d'atténuer les effets de la progressivité de l'impôt. Le Conseil d'État a souligné que "l'impôt dû au titre de l'année où ce revenu a été perçu est, si le contribuable en fait la demande, déterminé selon une méthode de calcul dite du 'quotient'".
En conclusion, la décision du Conseil d'État met en lumière l'importance de la vérification des frais professionnels en lien avec les revenus différés et souligne le droit des contribuables à une imposition juste et conforme aux dispositions légales.