Résumé de la décision
La décision concerne une plainte déposée par le président de l'université de Nantes contre Mme A... B..., maître de conférences, suite à ses agissements lors d'une manifestation d'étudiants le 18 juin 2018. La section disciplinaire de l'université a infligé à Mme B... un blâme le 20 juillet 2018. En réponse, Mme B... a demandé un sursis à l'exécution de cette sanction, ce qui a été accordé par le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) le 10 décembre 2018. L'université de Nantes et la ministre de l'enseignement supérieur ont formé un pourvoi en cassation contre cette décision. La Cour a annulé la décision du CNESER pour insuffisance de motivation et a renvoyé l'affaire à ce dernier.
Arguments pertinents
1. Insuffisance de motivation : La Cour a relevé que le CNESER n'a pas suffisamment motivé sa décision en ne précisant pas quel moyen de la requête lui paraissait sérieux. La décision a été fondée sur une appréciation générale des explications fournies par le conseil de Mme B..., sans indiquer les éléments juridiques précis qui justifiaient le sursis. La Cour a affirmé que "sans indiquer le moyen de la requête qui lui paraissait sérieux, le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche a insuffisamment motivé sa décision".
2. Contrôle du juge de cassation : En raison de cette insuffisance de motivation, le juge de cassation n'a pas pu exercer son contrôle sur la décision du CNESER. La Cour a souligné que la motivation est essentielle pour permettre un examen adéquat des décisions administratives.
Interprétations et citations légales
1. Article R. 232-34 du Code de l'éducation : Cet article stipule que "la demande de sursis à exécution est, à peine d'irrecevabilité, présentée par requête distincte jointe à l'appel". Il précise également que "le sursis peut être prononcé si les moyens présentés dans la requête paraissent sérieux et de nature à justifier l'annulation ou la réformation de la décision attaquée". Cette disposition impose une rigueur dans la présentation des moyens, ce qui n'a pas été respecté par le CNESER dans sa décision.
2. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : La Cour a décidé qu'il n'y avait pas lieu de mettre à la charge de Mme B... la somme demandée par l'université au titre de cet article, qui prévoit la possibilité d'une condamnation aux dépens. Cela souligne que, dans les circonstances de l'affaire, la demande de l'université n'était pas justifiée.
En conclusion, la décision met en lumière l'importance de la motivation des décisions administratives et le respect des procédures établies par le Code de l'éducation, tout en rappelant que le juge doit pouvoir exercer un contrôle effectif sur les décisions qui lui sont soumises.