Résumé de la décision
Cette décision du Conseil d'État concerne un litige entre M. A... et Mme C... et la commune de Portes-en-Valdaine au sujet du droit d’accès à l’eau potable. En 2015, la demande de raccordement au réseau public d’eau potable des requérants a été rejetée par le maire de la commune. Le tribunal administratif de Grenoble a ensuite annulé cette décision et a enjoint la commune à procéder aux travaux. La cour administrative d'appel de Lyon, après l'appel de la commune, a annulé ce jugement et rejeté la demande des requérants. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour d'appel, en reconnaissant que celle-ci avait commis une erreur de droit en ne vérifiant pas si la propriété des requérants était dans une zone de desserte. Il a également accordé aux requérants une indemnité de 1 500 euros en vertu de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Droit d'accès à l'eau : Le Conseil d'État cite l'article L. 210-1 du Code de l'environnement, qui affirme que chaque personne a le droit d'accéder à l'eau potable dans des conditions économiquement acceptables. Ce droit impose aux collectivités de déterminer les zones de desserte et donc d'éventuellement procéder aux raccordements.
2. Rôle des communes : Selon l'article L. 2224-7-1 du Code général des collectivités territoriales, les communes sont responsables de la distribution d'eau potable et doivent établir un schéma de distribution fixant les zones desservies. Cela impose une obligation de procéder aux raccordements dans les zones définies par ce schéma.
3. Contrôle judiciaire : Le Conseil d'État rappelle que le juge de l'excès de pouvoir contrôle les décisions des communes dans le respect du principe d'égalité, vérifiant si les demandes de raccordement sont évaluées en prenant en compte le coût, l'intérêt public et l'accès à d'autres sources d'eau potable.
Interprétations et citations légales
- Code de l'environnement - Article L. 210-1 : "Chaque personne physique, pour son alimentation et son hygiène, a le droit d’accéder à l’eau potable dans des conditions économiquement acceptables par tous."
Cette disposition établit un droit fondamental à l'accès à l'eau, ce qui pose une obligation sur les collectivités locales à assurer ce service à tous les citoyens, évaluant les critères économiques et techniques.
- Code général des collectivités territoriales - Article L. 2224-7-1 : "Les communes sont compétentes en matière de distribution d'eau potable. Dans ce cadre, elles arrêtent un schéma de distribution d'eau potable déterminant les zones desservies par le réseau de distribution."
Cet article définit le cadre légal dans lequel les communes doivent fonctionner pour assurer l'accès à l'eau potable, ainsi que les attentes concernant la délimitation des zones desservies.
- Code de l'urbanisme - Article L. 111-12 : "Les bâtiments, locaux ou installations [...] ne peuvent [...] être raccordés définitivement [...] si leur construction ou transformation n'a pas été, selon le cas, autorisée ou agréée."
Cette disposition souligne l'importance des autorisations préalables pour toute construction, ce qui renforce la nécessité d'une évaluation adéquate des demandes de raccordements.
Ainsi, la décision du Conseil d'État s'appuie sur une interprétation rigoureuse des textes de loi et rappelle l'importance du cadre légal pour garantir l'égalité d'accès au service public de distribution d'eau.