Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme A..., proviseur du lycée professionnel Ampère de Morsang-sur-Orge, a été victime d'agissements de harcèlement moral par les personnels administratif et enseignant entre le 1er septembre 2004 et le 1er septembre 2009. Elle a demandé au tribunal administratif de Versailles une indemnisation pour les préjudices subis, s'élevant à 328 740,86 euros. Sa demande a été rejetée. La cour administrative d'appel de Versailles, confirmant ce rejet, a été saisie par Mme A... et le syndicat SGEN-CFDT en cassation. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour, ayant constaté une erreur de droit dans l'application des dispositions relatives à la responsabilité de l'administration en cas de harcèlement moral. Il a également accordé une indemnité de 3 000 euros à Mme A... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit dans l'évaluation des responsabilités : La cour a rejeté la demande d’indemnisation au motif qu'il n'y avait pas de carence fautive de l'administration. Le Conseil d'État a souligné que cela constitue une erreur de droit. Selon les principes établis, un agent peut demander réparation pour les préjudices subis en raison de harcèlement moral, indépendamment d'une faute de l'administration.
- Citation pertinente : "un agent est fondé à rechercher la responsabilité de l'administration à raison d'agissements de harcèlement moral dont il aurait été victime dans l'exercice de ses fonctions, quand bien même ces agissements ne seraient pas imputables à une faute de l'administration."
2. Droit à réparation : La décision stipule que les agents victimes de harcèlement moral peuvent être indemnisés pour l’ensemble des préjudices subis. Les agissements de harcèlement moral, même sans faute imputable à l'administration, ouvrent droit à réparation.
Interprétations et citations légales
1. Article 6 quinquies de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 : Cet article déclare que les fonctionnaires ne doivent pas subir des agissements de harcèlement moral qui dégradent leurs conditions de travail. La protection prévue est renforcée par l'interdiction de prendre des mesures administratives en tenant compte du fait qu'un fonctionnaire ait subi ou refusé de subir du harcèlement.
- Citation : "Aucun fonctionnaire ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité."
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article réglemente les frais de justice et prévoit que la partie perdante doit rembourser les frais exposés par la partie gagnante, incluant une indemnité pour les frais irrépétibles.
- Citation : "il y a lieu dans les circonstances de l’espèce, de mettre à la charge de l’Etat une somme de 3 000 euros à verser exclusivement à MmeA…, [...] au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative."
Conclusion
La décision du Conseil d'État représente un rappel important des droits des fonctionnaires face au harcèlement moral et de la responsabilité de l'administration. Elle souligne que la réparation du préjudice est due même en l'absence d'une faute avérée de l'administration. Les références aux textes de loi soulignent la protection des fonctionnaires et la nécessaire responsabilisation des administrations face aux agissements illégaux de leurs agents.