Résumé de la décision
La société Tyrol Acquisition 1, agissant en tant que société mère d'un groupe fiscal intégré, contestait une décision de l'administration fiscale qui n'avait remboursé qu'une partie de son crédit d'impôt recherche au titre de l'année 2007. Après un parcours juridique comprenant des déclarations rectificatives et la saisine des juridictions administratives, la Cour administrative d'appel de Versailles avait rejeté son appel. La société se pourvut en cassation contre cet arrêt. Le Conseil d'État a finalement annulé la décision de la Cour administrative d'appel en estimant qu'elle avait commis une erreur de droit en ne reconnaissant pas à la requérante le droit de présenter une réclamation malgré le redressement qu'elle avait subi. En conséquence, l'affaire est renvoyée à la cour administrative d'appel de Versailles, et l'État est condamné à verser 3 500 euros à la société au titre des frais engagés.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit : La Cour a judicieusement relevé que la Cour administrative d'appel avait mal appliqué les dispositions de l'article R. 196-3 du livre des procédures fiscales. Selon le Conseil d'État, ces dispositions autorisent un contribuable, sous procédure de redressement, à contester le montant des dépenses éligibles au crédit d'impôt. La phrase clé dans la décision est : "la société requérante ne pouvait se prévaloir des dispositions précitées de l'article R. 196-3 du livre des procédures fiscales au titre de la réclamation litigieuse", ce qui constitue une erreur manifeste.
2. Droit au remboursement : Le Conseil d'État souligne que, selon les dispositions en présence, le droit à remboursement d'un crédit d'impôt, même en cas de redressement, doit être reconnu, indiquant ainsi que le contribuable conserve ses droits de réclamation dans le cadre des procédures administratives.
Interprétations et citations légales
1. Article 199 ter B du code général des impôts : Cet article définit les modalités du crédit d'impôt pour dépenses de recherche, stipulant que "l'excédent de crédit d'impôt constitue... une créance sur l'Etat", qui doit être remboursée si elle n'est pas utilisée dans les délais impartis. Cette disposition souligne l'importance du droit à la créance pour les entreprises qui engagent des dépenses dans la recherche.
2. Article R.196-3 du livre des procédures fiscales : Ce texte précise que "dans le cas où un contribuable fait l'objet d'une procédure de reprise... il dispose d'un délai égal à celui de l'administration pour présenter ses propres réclamations". Cela crée un équilibre entre les pouvoirs de l'administration fiscale et les droits des contribuables, leur permettant de contester les ajustements réalisés sur leurs déclarations.
3. Article 220 B du code général des impôts : Cet article lie le crédit d'impôt pour dépenses de recherche à l'impôt sur les sociétés, soulignant que les entreprises, comme la société Tyrol Acquisition 1, bénéficient de ce crédit sous certaines conditions, affirmant ainsi une interprétation favorable pour les sociétés engagées dans des activités de recherche.
En somme, cette décision du Conseil d'État renforce les droits des entreprises vis-à-vis de l'administration fiscale en matière de crédits d'impôt, en précisant que même sous un redressement, il est légitime d'exercer un recours pour réclamation.