Résumé de la décision
La société Messer France, héritière des droits de la société Praxair, a demandé la restitution de cotisations de contribution au service public de l'électricité acquittées entre 2005 et 2009. Après un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne, le Conseil d'État a annulé une décision antérieure et a accordé un remboursement partiel de 4 430 euros pour l'année 2009. Messer France a ensuite demandé la révision de cette décision, arguant que l'administration avait omis de produire un tableau de répartition des charges. Le Conseil d'État a rejeté cette demande de révision, considérant que la pièce invoquée n'était pas décisive. Les conclusions reconventionnelles de la Commission de régulation de l'énergie pour procédure abusive ont également été rejetées. Enfin, le Conseil d'État a statué qu'aucune somme ne pouvait être mise à la charge de l'État au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité du recours en révision : Le Conseil d'État a souligné que, selon l'article R. 834-1 du code de justice administrative, un recours en révision ne peut être présenté que dans des cas précis, notamment si une partie a été condamnée faute d'avoir produit une pièce décisive. En l'espèce, le Conseil a conclu que la pièce invoquée par Messer France ne revêtait pas ce caractère, car elle ne démontrait pas que le mode de calcul retenu dans la décision initiale était erroné ou fondé sur des éléments non fournis par l'administration.
> "Il ne ressort pas de la décision dont la société Messer France demande la révision que le mode de calcul de la fraction restituable retenu par cette décision [...] résulterait de la méconnaissance d'éléments qui n'auraient pas été fournis par l'administration."
2. Rejet des conclusions reconventionnelles : La Commission de régulation de l'énergie a demandé des dommages-intérêts pour procédure abusive, mais le Conseil d'État a estimé que le recours de Messer France n'avait pas été formé dans un but dilatoire.
> "Il ne ressort pas du dossier que [...] le recours en révision de cette société a été formé exclusivement dans un but dilatoire."
3. Amende pour recours abusif : Le Conseil d'État a précisé que les conclusions de la Commission de régulation de l'énergie concernant une amende pour recours abusif n'étaient pas recevables, car l'imposition d'une telle amende relève du pouvoir discrétionnaire du juge.
> "La faculté prévue par ces dispositions constituant un pouvoir propre du juge, les conclusions de la Commission de régulation de l'énergie tendant à ce que la société Messer France soit condamnée à une telle amende ne sont pas recevables."
Interprétations et citations légales
1. Article R. 834-1 du code de justice administrative : Cet article définit les conditions dans lesquelles un recours en révision peut être introduit. Il précise que la révision n'est possible que si une partie a été condamnée en raison de l'absence d'une pièce décisive. Le Conseil d'État a interprété cet article de manière stricte, en considérant que la pièce invoquée par Messer France ne remplissait pas les critères requis.
> "Le recours en révision contre une décision contradictoire du Conseil d'Etat ne peut être présenté que dans trois cas : / (...) 2° Si la partie a été condamnée faute d'avoir produit une pièce décisive qui était retenue par son adversaire."
2. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article stipule que les frais de justice peuvent être mis à la charge de l'État, mais seulement si celui-ci est la partie perdante. Dans cette affaire, le Conseil d'État a conclu que l'État, représenté par la Commission de régulation de l'énergie, n'était pas la partie perdante.
> "Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu'une somme soit mise à la charge de l'État [...] qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante."
En conclusion, le Conseil d'État a rejeté la demande de révision de la société Messer France, considérant que les arguments avancés ne justifiaient pas une réévaluation de la décision initiale. Les conclusions de la Commission de régulation de l'énergie ont également été rejetées, consolidant ainsi la position de la société Messer France dans cette affaire.