Résumé de la décision
Lors du premier tour des élections municipales du 15 mars 2020 à Lamothe-Landerron, la liste "Ensemble au service de notre village", conduite par M. G..., a remporté 243 voix, se voyant attribuer 12 sièges au conseil municipal et 2 sièges au conseil communautaire. En revanche, la liste "Agir ensemble Lamothe 2020", conduite par M. H..., a obtenu 233 voix, pour 3 sièges. M. H... a contesté l'élection de Mme J..., arguant de son inéligibilité en tant qu'entrepreneur municipal, conformément à l'article L. 231-6 du code électoral. Le tribunal administratif a rejeté la protestation, mais la décision a été annulée par le Conseil d'État, qui a constaté que l'inéligibilité de Mme J... avait altéré la sincérité du scrutin, conduisant à l'annulation des opérations électorales.
Arguments pertinents
1. Inéligibilité de Mme J... : Le Conseil d'État a statué que Mme J... était inéligible en vertu de l'article L. 231-6 du code électoral, qui stipule que "ne peuvent être conseillers municipaux... les entrepreneurs municipaux". Cette inéligibilité résultait des relations contractuelles régulières entre la commune et la SARL J..., que Mme J... gérait. Le moyen d'ordre public pouvant être évoqué à tout moment, M. H... a été en droit de plaider cette inéligibilité en appel.
2. Impact sur la sincérité du scrutin : Considérant le faible écart de voix (10 voix), le Conseil d'État a jugé que l'inéligibilité de Mme J... a eu un impact direct sur la sincérité du scrutin. Par conséquent, le rejet de la contestation par le tribunal administratif ne pouvait être maintenu.
Interprétations et citations légales
- Article L. 231-6 du code électoral : Cet article établit les conditions d'inéligibilité des conseillers municipaux : "Ne peuvent être conseillers municipaux dans les communes situées dans le ressort où ils exercent ou ont exercé leurs fonctions depuis moins de six mois : (...) 6° (...) les entrepreneurs municipaux". L'analyse a permis de conclure que Mme J... exerçait effectivement des fonctions d'entrepreneur au regard de ses activités pour la commune, justifiant ainsi son inéligibilité.
- Décision sur l'annulation des opérations électorales : Le Conseil d'État a statué que "cette irrégularité doit être regardée comme ayant altéré la sincérité du scrutin." Ainsi, bien que d'autres motifs de contestation aient été présentés, l'inéligibilité en elle-même suffissait à entraîner l'annulation. Cela souligne l'importance de la clarté des règles concernant l'éligibilité et de leur strict respect pour maintenir la legitimité des élections.
- Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article stipule que les frais judiciaires sont généralement à la charge de la partie perdante. Le Conseil d'État a refusé d'imposer des frais à M. H... et autres, soulignant qu'ils n'étaient pas la partie perdante dans cette instance.
Cette décision illustre la rigueur nécessaire dans l'application des règles d'éligibilité et met en lumière les conséquences d'irrégularités pouvant affecter la validité des élections.