Résumé de la décision
La société Antik Batik, fabricant de vêtements en Inde, a demandé le remboursement d'une créance au titre du crédit d'impôt recherche (CIR) pour les frais de collections de l'année 2009. Après le rejet de sa demande par l’administration fiscale et par le tribunal administratif de Paris, elle a saisi la cour administrative d'appel de Paris qui a également rejeté son appel. Dans le cadre de son pourvoi en cassation, le Conseil d'État a confirmé la décision des juges d'appel, considérant que la société ne pouvait pas être qualifiée d’entreprise exerçant une activité industrielle au sens de l'article 244 quater B du code général des impôts, entraînant le rejet des conclusions au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Absence d'activité industrielle : La cour administrative d'appel a estimé que la société Antik Batik ne remplissait pas les critères définissant une activité industrielle, se fondant sur la faible valeur de son actif immobilisé en matière d'outillage et le faible montant de ses achats de matières premières.
- "La société requérante ne pouvait être regardée comme exerçant une activité industrielle au sens du h) ou du i) du II de l'article 244 quater B."
2. Motifs de rejet : Le Conseil d'État a jugé que la cour n’avait pas à répondre à l'argument selon lequel la législation indienne interdirait à la société d'acheter elle-même des tissus, car cela n'influençait ni la décision, ni la qualification d'activité industrielle.
- "L’omission de répondre à cet argument ne constitue pas une insuffisance de motivation."
Interprétations et citations légales
L'affaire repose sur l'interprétation des dispositions du Code général des impôts - Article 244 quater B, qui définit les conditions d'éligibilité pour bénéficier du crédit d'impôt recherche :
- II - h) : "Les dépenses liées à l'élaboration de nouvelles collections exposées par les entreprises industrielles du secteur textile-habillement-cuir."
- II - i) : "Les dépenses liées à l'élaboration de nouvelles collections confiées par les entreprises industrielles du secteur textile-habillement-cuir à des stylistes ou bureaux de style agréés."
Ces articles stipulent que seules les entreprises exerçant une activité industrielle, c’est-à-dire celles qui participent directement à la fabrication ou à la transformation de biens corporels avec des installations techniques significatives, peuvent prétendre à ce crédit.
Le Conseil d'État a confirmé que la cour d’appel a fait application correcte des critères définissant l'activité industrielle. En réaffirmant cette qualification, le Conseil d'État a souligné l'importance du "caractère industriel" en tant que condition sine qua non du bénéfice du crédit d'impôt.
En conclusion, la décision met en lumière le dur rôle des conditions d'éligibilité strictes dans le cadre de l'octroi de crédits d'impôt, et souligne l'importance de la distinction entre les différentes catégories d'entreprises. Les conclusions de la société Antik Batik ont été jugées infondées en raison de leur incapacité à satisfaire ces critères.