Résumé de la décision
La décision concerne un arrêt de la cour administrative d'appel de Paris, qui avait rejeté le recours du ministre des Finances contre un jugement du tribunal administratif de Paris. Ce jugement avait prononcé la décharge des cotisations supplémentaires d'impôt sur les sociétés et de contribution additionnelle dues par la société Viel et Compagnie au titre de l'année 2001. L'affaire repose sur la question de la déductibilité d'une provision pour risques reprise par la société Viel et Compagnie suite à son absorption de la société Finacor. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel, retenant que la société avait indûment minoré son bénéfice imposable par une déduction effectuée alors qu'elle avait cédé ses actifs pour leur valeur réelle.
Arguments pertinents
1. Erreurs de droit : La cour a erronément estimé que la provision litigieuse avait été prise en compte dans le calcul des deux apports, ce qui a conduit à une déduction illégitime par voie extracomptable. Le Conseil d'État a souligné que cette déduction avait pour effet de réduire indûment le bénéfice imposable de la société. En effet, le passage du jugement précise : « ...la déduction a dès lors eu pour effet de minorer indûment son bénéfice imposable ».
2. Caractère souverain d'appréciation : Bien que la cour ait une appréciation souveraine des faits, le Conseil d'État a relevé que cette appréciation était entachée d'une erreur de droit lorsqu'elle a permis la déduction de la reprise de la provision sans tenir compte de l'impact sur le bénéfice imposable.
Interprétations et citations légales
1. Code général des impôts - Article 38 : Cet article définit le bénéfice net comme étant constitué par la différence entre les valeurs de l'actif net à la clôture et à l'ouverture de la période imposable, après ajustements des apports et prélèvements des associés. Il a été essentiel pour déterminer que la société Viel et Compagnie n'avait pas respecté la logique de cette définition lors de la reprise de la provision.
2. Code général des impôts - Article 210 A : Cet article sur le régime des fusions a permis à la société Viel et Compagnie d'absorber Finacor sous un régime fiscal de faveur. Cependant, cela n'exclut pas les obligations afférentes aux provisions, et la reprise de ces dernières a été centrale lors de l'examen de l'imposition.
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Ce texte interdit de mettre à la charge de l'État les frais d'instance lorsque celui-ci n'est pas la partie perdante, ce qui a conduit le Conseil d'État à rejeter les conclusions de la société Viel et Compagnie visant à obtenir une indemnisation.
En conclusion, la décision du Conseil d'État illustre l'importance de la rigueur imposée par le code général des impôts concernant les déductions et les provisions en matière d'imposition des sociétés. La soumission des opérations de fusions et d'apports au régime fiscal approprié doit être scrupuleusement respectée pour éviter des erreurs de droit qui remettent en cause l'équité fiscale.