Résumé de la décision
La commune de Marseille a formé une tierce opposition contre une décision du Conseil d'Etat rendue le 19 juin 2015, qui avait annulé un jugement du tribunal administratif de Marseille et renvoyé l'affaire devant la cour administrative d'appel de Marseille. La commune soutenait que cette décision lui était préjudiciable, car elle n'avait pas été informée du pourvoi du département des Bouches-du-Rhône qui avait conduit à cette décision. Le Conseil d'Etat a jugé que la tierce opposition était recevable mais a finalement rejeté le fond de la demande de la commune, la condamnant à verser 3 000 euros au département.
Arguments pertinents
1. Recevabilité de la tierce opposition : Le Conseil d'Etat a confirmé que la tierce opposition de la commune était recevable en vertu de l’article R. 832-1 du code de justice administrative, car celle-ci n'avait pas été ni appelée ni représentée dans l'instance initiale qui était préjudiciable à ses droits.
« Cette voie de rétractation est ouverte à ceux qui se prévalent d’un droit auquel la décision entreprise aurait préjudicié. »
2. Erreur de droit : Le Conseil d'Etat a analysé la situation de fond et a constaté une erreur de droit dans l'arrêt de la cour administrative d'appel, laquelle avait jugé que l'État n'avait pas commis de faute. Le Conseil a précisé que la dette de la commune envers le département était due de par la loi et que la convention invoquée ne constituait pas une cause d'exonération de cette obligation.
« Ni le principe de la dette […] ni son montant […] n'étaient susceptibles d'être affectés par la convention qui […] ne pouvait avoir pour objet […] que de fixer l'échéancier de leur règlement. »
3. Arguments écartés : Le Conseil a également écarté les arguments avancés par la commune concernant la méconnaissance de dispositions réglementaires relatives aux décisions du département, indiquant que cela relevait des débats dans la nouvelle instance devant la cour administrative d'appel.
« Il appartiendra à la commune de Marseille, si elle s’y croit fondée, de le faire valoir […] devant la cour administrative d’appel de Marseille. »
Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article R. 832-1 :
Cet article permet à toute personne non représentée dans un litige de former une tierce opposition. Le Conseil d'Etat y a recours pour établir que la commune avait un droit à faire opposition à la décision du 19 juin 2015, car elle n'avait pas été partie à cette instance.
2. Précision sur les dettes communales : L'arrêt souligne que les dettes de la commune découlent directement de dispositions légales et de décisions du département, ce qui indique que des conventions d'exécution de paiement ne peuvent pas remettre en question ce qui est établi par la loi.
« Les dettes de la commune de Marseille devaient être regardées comme sérieusement contestées dans leur principe ou dans leur montant. »
3. Article L. 761-1 du code de justice administrative :
Ce texte régule le remboursement des frais d'instance, stipulant qu’il convient de mettre à la charge de la partie perdante une somme à titre de remboursement. Ici, cela s'applique pour faire condamner la commune à verser 3 000 euros au département :
« […] la somme de 3 000 euros à verser au département des Bouches-du-Rhône […] qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante. »
Cette structure met en évidence les éléments clés de la décision du Conseil d’Etat tout en soulignant les points juridiques essentiels et les interprétations des dispositions légales pertinentes.