Résumé de la décision
La Société Civile Immobilière (SCI) CG a déposé un pourvoi en cassation devant le Conseil d'État, visant à contester un arrêt de la cour administrative d'appel de Nancy. Cet arrêt rejetait principalement sa demande d'injonction, qui aurait nécessité une expropriation pour cause d'utilité publique concernant un ouvrage public dont l'implantation avait été jugée irrégulière. Le Conseil d'État a décidé d'admettre le pourvoi en ce qui concerne le préjudice résultant de la perte de loyers pour la période du 1er juin 2008 au 1er juin 2011. En revanche, il n'a pas admis le surplus des conclusions du pourvoi.
Arguments pertinents
Les arguments de la SCI CG s'articulent autour de plusieurs critiques concernant l'arrêt contesté :
1. Erreur de droit relative à l'implantation de l'ouvrage public : La SCI CG soutient que la cour n'a pas dûment motivé sa décision en considérant que l'implantation irrégulière pouvait être régularisée par une expropriation sans établir les conditions requises pour décréter une déclaration d'utilité publique.
2. Insuffisance de motivation et erreurs de qualification : Elle argue que la cour a erré en ne tenant pas compte de solutions alternatives à la suppression du remblai, essentiel pour la stabilité de la chaussée. La SCI estime que la décision de ne pas procéder à la démolition a été prise sans une évaluation appropriée des enjeux.
3. Contradiction de motifs : La SCI CG affirme que la cour a présenté des motifs contradictoires en rejetant sa demande de démolition tout en mentionnant la possibilité d'une solution amiable, alors que la communauté de communes ne montre pas de volonté de négocier.
4. Évaluation économique : La SCI remet en question la décision de la cour sur la responsabilité partagée et la prise en compte des pertes de loyers, estimant qu'il y avait méconnaissance de l'assise probante des documents présentés (facture de son locataire).
5. Moyen d'office et interprétation des écritures : Enfin, la SCI CG a soutenu que la cour a méconnu son office en ne prenant pas en compte le fait qu'elle sollicitait également une indemnisation pour pertes de loyers, et a contesté le moyen pris d'office.
Interprétations et citations légales
Dans sa décision, le Conseil d'État s'est fondé sur l'article L. 822-1 du code de justice administrative, qui stipule que le pourvoi en cassation est soumis à une "procédure préalable d'admission". Cette disposition impose au Conseil d'État de refuser l'admission si le pourvoi est irrecevable ou n’est pas fondé sur un "moyen sérieux". Le passage clé se lit comme suit :
- Code de justice administrative - Article L. 822-1 : "Le pourvoi en cassation devant le Conseil d'Etat fait l'objet d'une procédure préalable d'admission. L'admission est refusée par décision juridictionnelle si le pourvoi est irrecevable ou n'est fondé sur aucun moyen sérieux."
Le Conseil a donc décidé d'admettre uniquement les conclusions concernant le préjudice lié à la perte de loyers, considérant que ce point était suffisamment sérieux pour passer au stade d'un examen approfondi. Pour le surplus des conclusions, l'avis du Conseil a été que les moyens avancés ne justifiaient pas l'admission du pourvoi.
Cette distinction dans le traitement des différents arguments de la SCI CG illustre l'application stricte du critère de sérieux et d’efficacité des moyens pour justifier l’accueil du pourvoi par le juge administratif dans le cadre de la cassation.