Résumé de la décision
La communauté de communes Chinon-Vienne et Loire a saisi le Conseil d'État pour demander l'annulation d'un arrêté ministériel du 9 octobre 2019, qui diminue de 791 992 euros le produit de sa fiscalité directe, en application de la loi n° 2018-1317 du 28 décembre 2018. Le Conseil d'État a jugé que cet arrêté était dépourvu de caractère réglementaire et a conclu que la requête ne relevait pas de sa compétence en premier et dernier ressort. Par conséquent, il a décidé de transmettre la requête au tribunal administratif de Paris, compétent pour en connaître.
Arguments pertinents
1. Absence de caractère réglementaire de l'arrêté : Le Conseil d'État a constaté que l'arrêté pris par les ministres ne revêtait pas le caractère réglementaire, ce qui le rend inapte à être examiné directement par cette juridiction. À cet égard, il a déclaré que "l'arrêté attaqué, qui constate le montant de prélèvement opéré sur la fiscalité directe locale, est dépourvu de caractère réglementaire".
2. Transmission au tribunal administratif : Conformément à l'article R. 312-1 du code de justice administrative, le Conseil d'État a renvoyé le dossier au tribunal administratif de Paris, en précisant que "le tribunal administratif territorialement compétent est celui dans le ressort duquel a son siège l'autorité qui a pris la décision attaquée".
Interprétations et citations légales
1. Caractère réglementaire : L'examen de l'arrêté a conduit à l'interprétation selon laquelle la nature de l'acte (applicatif plutôt que réglementaire) le prive de la compétence du Conseil d'État. Ce raisonnement s’appuie sur l'article R. 311-1 du code de justice administrative, qui limite les catégories de litiges traitées directement par le Conseil d'État.
2. Compétence juridictionnelle : L’article R. 312-1 du code de justice administrative précise que le tribunal administratif est compétent pour les décisions prises par les autorités locales, ce qui est renforcé par la phrase : "lorsqu'il n'en est pas disposé autrement par les dispositions de la section 2 du présent chapitre". Cela souligne la prééminence du tribunal administratif dans l'examen de décisions spécifiques aux collectivités territoriales, impliquant une séparation des compétences entre le Conseil d'État et les tribunaux administratifs.
Cette décision met en exergue l'importance de la qualification juridique des actes dans la détermination de la compétence juridictionnelle, renforçant le principe selon lequel les actes non réglementaires échuent au judiciaire administratif de première instance.