Résumé de la décision
La décision concerne le pourvoi en cassation de Mme B... D...-F..., pédiatre, contre une décision de la chambre disciplinaire nationale de l'ordre des médecins qui avait annulé une décision antérieure la relaxant d'une plainte pour méconnaissance des règles de consentement parental lors de la vaccination de deux mineures. Le 22 juillet 2013, Mme D...-F... avait recommandé et administré un vaccin contre le papillomavirus à deux jeunes filles, âgées de 12 et 13 ans, en présence de leur mère, sans avoir obtenu le consentement explicite du père. La chambre disciplinaire nationale a infligé un blâme à Mme D...-F..., considérant que la vaccination n'étant pas obligatoire, elle ne pouvait être considérée comme un acte usuel de l'autorité parentale. La décision a été annulée par le Conseil d'État, qui a jugé que la chambre disciplinaire avait commis une erreur de droit en ne tenant pas compte de l'ensemble des circonstances.
Arguments pertinents
1. Consentement parental : La décision souligne que, selon le Code de la santé publique, un médecin doit s'efforcer d'obtenir le consentement des titulaires de l'autorité parentale avant d'accomplir un acte médical sur un mineur, sauf en cas d'urgence (Code de la santé publique - Article R. 4127-42). La chambre disciplinaire nationale a erronément considéré que la vaccination, n'étant pas obligatoire, ne pouvait être qualifiée d'acte usuel de l'autorité parentale.
2. Appréciation de la nature de l'acte : Le Conseil d'État a précisé que le médecin doit évaluer si l'acte médical est usuel au regard de la nature de l'acte, des caractéristiques du patient et des circonstances connues. En ne tenant pas compte de ces éléments, la chambre disciplinaire a commis une erreur de droit.
3. Représentation parentale : La décision rappelle que, selon le Code civil, chaque parent est réputé agir avec l'accord de l'autre pour les actes usuels de l'autorité parentale (Code civil - Article 372-2). La chambre disciplinaire n'a pas pris en compte cette présomption dans son évaluation.
Interprétations et citations légales
1. Consentement et actes médicaux : L'article L. 1111-4 du Code de la santé publique stipule que le médecin doit rechercher le consentement des titulaires de l'autorité parentale et du mineur capable d'exprimer sa volonté. Cela implique une obligation de diligence de la part du médecin pour s'assurer que le consentement est bien obtenu, sauf en cas d'urgence.
2. Actes usuels de l'autorité parentale : L'article R. 4127-42 du Code de la santé publique précise que le médecin doit s'efforcer d'obtenir le consentement des parents pour des soins à un mineur, sauf en cas d'urgence. La chambre disciplinaire a erronément interprété que la vaccination, n'étant pas obligatoire, ne pouvait être considérée comme un acte usuel, sans évaluer les circonstances spécifiques de l'affaire.
3. Accord présumé des parents : L'article 372-2 du Code civil établit que, pour les actes usuels, chaque parent est réputé agir avec l'accord de l'autre. Cette présomption n'a pas été prise en compte par la chambre disciplinaire, ce qui a conduit à une évaluation erronée de la situation.
En conclusion, la décision du Conseil d'État a annulé la sanction infligée à Mme D...-F..., soulignant l'importance d'une évaluation complète des circonstances entourant le consentement parental dans le cadre d'actes médicaux sur des mineurs.