Résumé de la décision
Dans cette affaire, la société SCI Val de Sarthe a formé un pourvoi en cassation contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes rejetant sa requête dirigée contre la décision de la Commission nationale d'aménagement commercial qui avait accordé aux sociétés Ikea Développement et Meubles Ikea France l'autorisation de créer un magasin d'une surface de 19 500 m² à Yvré-L'Évêque. La cour a confirmé que la demande de la SCI Val de Sarthe était irrecevable, car l'avis de la Commission nationale d'aménagement commercial intervenu après le 14 février 2015 ne pouvait faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir, et a rejeté les conclusions de la SCI concernant des dépenses devant être remboursées au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité du recours : La décision insiste sur le caractère d'avis préalable de l'acte du 6 mai 2015 émanant de la Commission nationale d'aménagement commercial. Il est statué que cet acte n'est pas susceptible de recours contentieux, car "les avis favorables de la Commission nationale d'aménagement commercial intervenus après le 14 février 2015 ne sont pas des actes susceptibles de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir" (voir point 3).
2. Caractère du permis de construire : Le jugement souligne que le permis de construire délivré le 21 septembre 2017 par le maire d'Yvré-L'Évêque constitue un acte qui, selon l'article L. 425-4 du code de l’urbanisme, tient lieu d’autorisation d'exploitation commerciale, dès lors qu'il a été précédé d’un avis favorable de la commission. Ainsi, le recours introduit par la SCI Val de Sarthe n'est pas recevable, car aucun recours contre l’avis de la Commission n’est possible.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 425-4 du Code de l'urbanisme : Cet article précise les conditions dans lesquelles un permis de construire peut valoir autorisation d’exploitation commerciale. Il est mentionné que "lorsque le projet est soumis à autorisation d'exploitation commerciale... le permis de construire tient lieu d'autorisation" sous certaines conditions. Cela signifie qu'un permis de construire postérieur au 14 février 2015, ayant reçu l'avis favorable de la commission, ne peut être contesté au titre de son aspect d'autorisation d'exploitation.
2. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Les conclusions de la SCI Val de Sarthe relatives aux frais de justice sont également rejetées, conformément à cet article qui précise que "les parties perdantes sont celles à qui il est demandé d’assumer les frais.” La décision souligne que l'État et les sociétés Ikea ne peuvent être considérés comme parties perdantes dans cette instance, et aucune somme ne peut donc leur être mise à charge.
3. Décret n° 2015-165 du 12 février 2015 : Les dispositions de ce décret, qui mettent en œuvre l'article L. 425-4, établissent la portée des avis de la commission et précisent leur inopposabilité dans certains cas.
Cette décision illustre l'application stricte des règles procédurales en matière d'urbanisme et d'autorisation d'exploitation commerciale, démontrant ainsi la rigueur du cadre légal encadrant les projets commerciaux et les possibilités de recours liés à leur adoption.