Résumé de la décision :
La décision concerne la demande de M. C... de renvoyer au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative à des dispositions législatives touchant aux droits et libertés garantis par la Constitution. M. C... a également demandé la récusation des membres du Conseil d'État qui ont statué sur sa QPC, arguant d'une suspicion légitime. Le Conseil d'État a rejeté tant la demande de récusation que celle de renvoie au Conseil constitutionnel, considérant que la question posée ne remplissait pas les conditions requises pour être soumise à ce dernier.
Arguments pertinents :
1. Sur la demande de renvoi pour suspicion légitime:
- La requête de M. C... pour le renvoi de sa question à une autre juridiction a été considérée comme irrecevable, car le Conseil d'État n'a pas de juridiction supérieure. Le Conseil affirme qu'une demande de renvoi est possible si une juridiction est soupçonnée de partialité, mais cela ne s'applique pas dans ce cas.
> "Or si tout justiciable est recevable à demander à la juridiction immédiatement supérieure [...], une telle demande ne peut être mise en oeuvre pour s'opposer à ce que le Conseil d'Etat, qui n'a pas de juridiction supérieure, juge une affaire portée devant lui."
2. Sur la question prioritaire de constitutionnalité (QPC):
- M. C... a soutenu que l'article L. 132-4 du code de justice administrative serait contraire à la Constitution, mais il n'existe pas d'article L. 132-4 dans ce code, ce qui entraîne l'irrecevabilité de cette plainte.
> "En premier lieu, si M. C... soutient que l'article L. 132-4 du code de justice administrative est contraire aux droits et libertés que garantit la Constitution, aucun article L. 132-4 ne figure au code de justice administrative."
- Concernant l'article L. 952-6 du code de l'éducation, M. C... a critiqué son application par la pratique universitaire, mais ses arguments n'ont pas été jugés sérieux, car ils ne démontraient pas une question nouvelle ou constitutionnelle.
> "Il se borne à faire valoir au soutien de sa critique que les dispositions réglementaires prises pour l'application de ces dispositions législatives en auraient méconnu la portée [...] dans ces conditions, sa question prioritaire de constitutionnalité [...] n'est pas sérieuse."
Interprétations et citations légales :
1. Ordonnance du 7 novembre 1958 - Article 23-5 :
- Cet article précise les conditions dans lesquelles une question prioritaire de constitutionnalité peut être soulevée devant le Conseil d'État. La décision se réfère à ces critères, établissant que pour être recevable, la question doit être applicable au litige, n'avoir pas été déclarée conforme à la Constitution, et doit être nouvelle ou sérieuse.
> "Il résulte des dispositions de ce même article que le Conseil constitutionnel est saisi de la question prioritaire de constitutionnalité à la triple condition que la disposition contestée soit applicable au litige ou à la procédure."
2. Code de justice administrative :
- M. C... a invoqué plusieurs articles prétendument en porte-à-faux avec la Constitution. Cependant, le Conseil d'État a signalé qu'aucune des dispositions mentionnées ne s’appliquait au cas présent, ne justifiant donc ni la soumission au Conseil constitutionnel ni l'invalidation fondée sur ces articles.
3. Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 - Article 25 septies :
- Les dispositions relatives aux activités privées des fonctionnaires ont été considérées comme sans incidence sur le litige de M. C..., car elles ne pertiennent pas directement à la question de sa qualification pour un poste universitaire.
> "[...] les dispositions [...] relatives aux conditions dans lesquelles les fonctionnaires peuvent exercer une activité privée lucrative sont sans incidence sur le jugement de la requête [...]".
En somme, les raisons invoquées par M. C... pour justifier la renvoi de sa QPC n'atteignaient pas les exigences légales requises, ce qui a mené à la décision de rejet par le Conseil d'État.