Résumé de la décision
La chambre disciplinaire nationale de l'ordre des médecins a annulé, le 26 juin 2018, une décision antérieure qui avait radié M.B..., médecin spécialiste, pour avoir diffusé des messages critiquant la vaccination obligatoire. Le Conseil national de l'ordre des médecins a contesté cette décision en se pourvoyant en cassation. Le Conseil d'État a finalement annulé la décision de la chambre disciplinaire nationale, considérant qu'elle avait commis plusieurs erreurs de droit dans son appréciation des faits et des obligations légales de M.B....
Arguments pertinents
1. Erreur de droit sur l'autorité compétente : La chambre disciplinaire a jugé que le Haut Conseil de la santé publique n'était pas une "autorité compétente" au sens de l'article R. 4127-12 du Code de la santé publique. Le Conseil d'État a considéré que cette interprétation était erronée, car le Haut Conseil a un rôle essentiel dans la gestion des risques sanitaires et la politique de vaccination.
> "En jugeant que le Haut Conseil de la santé publique n'était pas une 'autorité compétente', la chambre disciplinaire a entaché sa décision d'une erreur de droit."
2. Dénaturation des faits : La chambre disciplinaire a mal interprété les documents relatifs aux pétitions, en concluant que M.B... ne s'opposait pas aux vaccinations. Le Conseil d'État a souligné que M.B... avait effectivement pris l'initiative de promouvoir des pétitions critiquant la vaccination.
> "En estimant que M.B... ne s'opposait pas aux vaccinations, la chambre disciplinaire nationale a dénaturé les pièces du dossier."
3. Obligations de prudence : Le Conseil d'État a noté que M.B... avait diffusé des informations à un public non spécialiste, ce qui contrevenait à ses obligations de prudence et de responsabilité, comme stipulé dans l'article R. 4127-13 du Code de la santé publique.
> "La chambre disciplinaire nationale a inexactement qualifié les faits qui lui étaient soumis, eu égard aux obligations particulières que sa notoriété imposait à l'intéressé."
4. Interprétation erronée des décisions judiciaires : La chambre disciplinaire a fondé son annulation sur une décision du Conseil d'État qui ne corroborait pas les affirmations de M.B... concernant les vaccins. Le Conseil d'État a souligné que cette interprétation était incorrecte.
> "La chambre disciplinaire nationale a entaché sa décision d'une erreur de droit en se fondant sur des affirmations non corroborées par la décision du Conseil d'État."
Interprétations et citations légales
1. Code de la santé publique - Article R. 4127-12 : Cet article impose aux médecins de collaborer avec les autorités compétentes pour la protection de la santé publique. Le Conseil d'État a interprété que le Haut Conseil de la santé publique, en tant qu'organe d'expertise, doit être considéré comme une autorité compétente.
2. Code de la santé publique - Article R. 4127-13 : Cet article stipule que les médecins doivent faire preuve de prudence dans leurs communications au public. Le Conseil d'État a noté que M.B... avait manqué à cette obligation en diffusant des informations potentiellement trompeuses à un public non averti.
3. Code de la santé publique - Articles L. 3111-2 et L. 3111-3 : Ces articles précisent les obligations vaccinales. Le Conseil d'État a souligné que la chambre disciplinaire avait mal interprété ces articles en les appliquant à des critiques non fondées sur les vaccins.
En conclusion, le Conseil d'État a annulé la décision de la chambre disciplinaire nationale, soulignant les erreurs de droit et d'interprétation des faits, et a renvoyé l'affaire pour un nouvel examen.