Résumé de la décision
La Société Exane a contesté une décision du Défenseur des droits qui, dans le cadre d'un litige civil l'opposant à une ancienne salariée devant la cour d'appel de Paris, a décidé de présenter des observations. La société a déposé un recours pour excès de pouvoir devant le tribunal administratif, qui a rejeté sa demande comme irrecevable. Exane a interjeté appel devant la cour administrative d'appel de Paris, qui a également déclaré sa requête irrecevable. Cependant, le Conseil d'État a annulé cet arrêt, considérant que la question relevait de la compétence judiciaire, et a également annulé le jugement du tribunal administratif. En vertu de cette décision, la demande de la société Exane a été rejetée pour incompetentia, tandis qu’elle a été condamnée à verser une somme de 3 000 euros à l’État.
Arguments pertinents
1. Incompétence de la juridiction administrative: La décision du Défenseur des droits de présenter des observations dans une procédure judiciaire est indissociable de la procédure en cours et relève donc de la compétence de la juridiction judiciaire, en vertu des dispositions de la loi organique n° 2011-333 et du code de justice administrative. Selon le point 2 de la décision, la société Exane a contesté une décision "qui n'a pas d'autre objet que celui qui a été exposé", signifiant que la matière est exclusive à la compétence judiciaire.
2. Erreur de droit: La cour administrative d'appel a commis une erreur de droit en n'évaluant pas la compétence de la juridiction administrative par rapport à la nature du litige. Le point 3 précise que "la cour a entaché son arrêt d'une erreur de droit," indiquant que les juges administratifs avaient l’obligation de se prononcer sur leur compétence.
3. Application des dispositions de l'article L. 761-1: Le Conseil d'État rappelle que selon l'article L. 761-1 du code de justice administrative, une somme ne pourrait être mise à la charge de l'État, puisque ce dernier n'était pas la partie perdante. Au contraire, une somme a été ordonnée en faveur de l'État à charge de la société Exane.
Interprétations et citations légales
1. Loi organique n° 2011-333 - Article 33: Cet article précise que le Défenseur des droits peut intervenir en justice, mais que ses décisions d'intervention sont indissociables de la procédure à laquelle elles se rapportent. Cette approche renforce l'idée que la compétence est déterminée par le type de litige engagé, et non par l'intervention d'un tiers comme le Défenseur des droits.
2. Code de justice administrative - Article L. 821-2: Ce texte stipule que le Conseil d'État peut régler l'affaire au fond lorsque les conditions le permettent. Ici, il a été appliqué pour passer outre l'irrecevabilité initiale et trancher la question de compétence.
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1: Cet article traite des frais de justice et des possibilités de compensation, affirmant que, "les dispositions de l'article L. 761-1 font obstacle à ce qu'une somme soit mise à ce titre à la charge de l'État," car l'État ne perd pas ce litige.
Dans l’ensemble, la décision du Conseil d'État illustre l'importance de la distinction entre les compétences des juridictions administrative et judiciaire et la nécessité pour ces dernières de s'assurer d’une bonne évaluation de leur compétence sur les affaires portées devant elles.