Résumé de la décision
Le Conseil d'État a été saisi d'une question concernant l'application des délais de recours pour contester des décisions implicites de rejet au regard des modifications apportées par le décret n° 2016-1480 du 2 novembre 2016. La décision clarifie que pour les refus tacites intervenus avant le 1er janvier 2017, il n'existe pas de délai de recours puisque le délai court uniquement à partir d'une notification expresse. En revanche, pour les décisions implicites nées après cette date, le délai de recours de deux mois commence à courir à partir de leur naissance. Cette règle est combinée avec les dispositions du Code des relations entre le public et l'administration concernant les conditions de notification des décisions.
Arguments pertinents
1. Règle de délai de recours : Le Conseil d'État rappelle que selon le Code de justice administrative - Article R. 421-1, le recours doit être formé dans un délai de deux mois après la notification ou la publication de la décision attaquée. Pour les décisions implicites de rejet (Code de justice administrative - Article R. 421-2), le délai commence à courir à partir de la date à laquelle la décision implicite est née.
2. Exceptions au délai : Les exceptions introduites par le Code de justice administrative - Article R. 421-3 spécifient que pour certaines situations, seul un refus express pourra déclencher le délai de recours. Ces exceptions s’appliquent particulièrement aux décisions de plein contentieux.
3. Application de la réforme : Selon l'article 35 du décret du 2 novembre 2016, la suppression de l'exception pour les décisions tacites intervient immédiatement pour les décisions nées après le 1er janvier 2017, mais cela ne rétroagit pas sur les décisions nées avant cette date qui ne peuvent devoir s'intégrer dans les règles antérieures.
Interprétations et citations légales
L'analyse des décisions des articles du Code de justice administrative et du Code des relations entre le public et l'administration révèle des interprétations cruciales concernant les délais de recours :
- Selon le Code de justice administrative - Article R. 421-1, le recours ne peut être formé que "dans les deux mois à partir de la notification ou de la publication de la décision attaquée". Cela souligne l’importance de la notification pour le déclenchement du délai.
- Pour les décisions implicites dont le silence vaut décision de rejet, le Code de justice administrative - Article R. 421-2 établit que "l'intéressé dispose, pour former un recours, d'un délai de deux mois à compter de la date à laquelle est née une décision implicite de rejet." Cela impose une nécessité de détermination précise de la date de naissance de la décision.
- L'article 35 du décret du 2 novembre 2016 introduit une distinction claire pour les décisions nées après le 1er janvier 2017, affirmant que "les dispositions des articles 9 et 10 (...) sont applicables aux requêtes enregistrées à compter de cette date." Cela signifie que les nouvelles règles sont appliquées immédiatement pour les cas nés après cette entrée en vigueur.
- Enfin, le Code des relations entre le public et l'administration - Article L. 112-6 stipule que les délais de recours ne sont pas opposables à l'auteur d'une demande si les conditions de notification ne sont pas remplies, ce qui peut limiter les conséquences de l'absence de notification sur les droits des requérants.
Ces interprétations des textes de loi permettent de mieux comprendre les implications juridiques en matière de recours administratifs et les décisions implicites de rejet dans le cadre du plein contentieux.