Résumé de la décision
La décision porte sur un pourvoi en cassation formé par plusieurs sociétés d'assurance contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes du 27 février 2015. Cet arrêt avait annulé un jugement du tribunal administratif de Rennes qui avait condamné l'État à indemniser plusieurs sociétés en raison d'un blocage d'une plateforme d'approvisionnement par des producteurs de lait en mai 2009. Les sociétés requérantes soutenaient que l'État était responsable des dommages subis à la suite de ce blocage. Cependant, la cour administrative a jugé qu'il n'y avait pas de responsabilité de l'État en raison de l'organisation préméditée des actions des producteurs et de l'absence de préjudice spécifique. Le Conseil d'État a décidé de rejeter le pourvoi.
Arguments pertinents
1. Qualité d'un attroupement : La cour a noté que le blocage des producteurs de lait ne pouvait pas être classé comme un attroupement au sens de la loi : "la cour n'a pas commis d'erreur de qualification juridique" en considérant que l'action était préméditée et organisée par un groupe structuré.
2. Responsabilité de l'État : Concernant la non-intervention des forces de l'ordre, la cour a constaté que les sociétés n'apportaient pas la preuve d'une faute lourde de l'État : "la cour n'a pas inversé la charge de la preuve".
3. Absence de préjudice anormal : Les requérantes n'ont pas démontré avoir subi un préjudice distinct des autres entreprises touchées, justifiant ainsi la décision de la cour : "la cour n'a pas commis d'erreur de qualification juridique", les revenus sont les mêmes que ceux d'autres entreprises dans la même situation.
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, plusieurs articles de loi sont appliqués, et leur interprétation a été cruciale pour le jugement :
- Code général des collectivités territoriales - Article L. 2216-3 : Cet article stipule que l'État est responsable des dommages causés par des attroupements, stipulant : "L'Etat est civilement responsable des dégâts et dommages résultant des crimes et délits commis, à force ouverte ou par violence, par des attroupements ou rassemblements armés ou non armés". La cour a interprété cet article pour conclure que les actions des producteurs étaient délibérées et organisées, et donc exclues de cette responsabilité.
- Code de la route - Article L. 412-1 : La cour a également fait référence à la qualification juridique du délit d'entrave à la circulation pour décrire la nature de l'action : "un groupe qui s'était constitué et organisé à seule fin de commettre le délit".
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que les frais inhérents à une procédure peuvent être pris en charge par l'État seulement s'il est déterminé comme partie perdante dans le contexte de la décision, ce qui a conduit le Conseil d'État à refuser la demande d'indemnisation des frais par les sociétés requérantes.
L'interprétation de ces textes législatifs a été essentielle pour déterminer la responsabilité de l'État et évaluer les preuves présentées par les sociétés. Le Conseil d'État a maintenu que les éléments présentés ne fondaient pas une responsabilité supplémentaire pour l'État, précisant ainsi les limites de sa responsabilité dans des situations de troubles causés par des manifestations organisées.