Résumé de la décision
La décision concerne le recours de Mme B..., reconnue prioritaire pour un relogement d'urgence en raison de la sur-occupation de son logement avec ses cinq enfants et son compagnon. Après l'inaction de l'État pour proposer un relogement dans le délai imparti, Mme B... a saisi le tribunal administratif de Paris, qui a reconnu la responsabilité de l'État à partir du 26 janvier 2014, mais a limité l'indemnité à 2 400 euros, sans tenir compte de deux enfants nés après la décision de la commission de médiation. Mme B... a formé un pourvoi en cassation. Le Conseil d'État a annulé le jugement du tribunal administratif, a reconnu que la présence des enfants nés après la décision devait être prise en compte pour l'évaluation du préjudice, et a fixé l'indemnité à 11 170 euros.
Arguments pertinents
1. Responsabilité de l'État : La décision souligne que la carence de l'État à exécuter la décision de relogement engage sa responsabilité envers le demandeur. Le Conseil d'État précise que "la carence fautive de l'État à exécuter cette décision dans le délai imparti engage sa responsabilité à l'égard du seul demandeur".
2. Évaluation du préjudice : Le tribunal a commis une erreur de droit en ne tenant pas compte de l'évolution de la composition du foyer. Le Conseil d'État a affirmé que "les troubles dans les conditions d'existence subis par le demandeur du fait de l'absence de relogement doivent être appréciés en fonction du nombre de personnes composant le foyer pendant la période de responsabilité".
3. Indemnisation : Le montant de l'indemnité a été fixé en fonction du nombre de personnes dans le foyer et de la durée de la carence de l'État, aboutissant à une indemnité de 11 170 euros, calculée à 250 euros par personne et par an.
Interprétations et citations légales
1. Code de la construction et de l'habitation - Article L. 441-2-3 : Cet article établit les conditions dans lesquelles une personne peut être reconnue prioritaire pour un relogement d'urgence. La décision de la commission de médiation est donc un acte administratif qui engage la responsabilité de l'État en cas de non-exécution.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article permet de condamner l'État à verser des frais de justice à la partie gagnante, ce qui a été appliqué en faveur de la SCP Piwnica et Molinié, l'avocat de Mme B..., pour un montant de 3 000 euros.
3. Évaluation des troubles : Le Conseil d'État a précisé que "les troubles doivent être appréciés en fonction des conditions de logement qui ont perduré du fait de la carence de l'État", ce qui implique une prise en compte dynamique de la composition du foyer.
En conclusion, cette décision illustre l'importance de la prise en compte de l'évolution des situations familiales dans l'évaluation des préjudices liés à la carence de l'État en matière de relogement, tout en affirmant la responsabilité de l'État dans le respect des décisions administratives.