Résumé de la décision
La décision concerne le recours de M. A... contre un jugement du tribunal administratif de Bordeaux qui avait rejeté sa demande d'annulation d'une décision de la caisse d'allocations familiales de la Gironde (CAF) portant sur la récupération d'un indu d'aide personnalisée au logement. Par un courrier du 30 janvier 2019, la CAF avait notifié à M. A... sa décision de récupérer une somme de 2 218,97 euros. Suite à un refus de sa demande de remise gracieuse, M. A... a saisi le tribunal administratif. Le Conseil d'État a annulé le jugement du tribunal, considérant qu'il avait méconnu son office en se prononçant sur le contentieux de l'excès de pouvoir plutôt que sur la possibilité d'accorder une remise gracieuse. L'affaire est renvoyée au tribunal administratif, et la CAF est condamnée à verser 1 500 euros à l'avocat de M. A... en vertu des dispositions relatives aux frais de justice.
Arguments pertinents
1. Compétence du juge administratif : Le Conseil d'État souligne que, lors de l'examen d'une demande de remise gracieuse liée à des prestations scolaires et sociales, le juge administratif doit non seulement rechercher si la décision contestée présente des vices, mais aussi examiner la possibilité d'accorder une remise. En ce sens, le Conseil d'État indique que « lors qu'il statue sur un recours dirigé contre une décision refusant ou ne faisant que partiellement droit à une demande de remise gracieuse… le juge administratif… doit se prononcer lui-même sur la demande ».
2. Erreurs de la juridiction inférieure : Le tribunal administratif a pu à tort qualifier la demande de M. A... de recours en excès de pouvoir, ce qui a entraîné un manquement à son devoir de pleine appréciation des circonstances factuelles et des dispositions juridiques pertinentes.
3. Versement des frais de justice : Le Conseil d'État a accordé la demande de frais de justice, considérant que l’avocat de M. A... peut bénéficier de l'aide juridictionnelle, comme l’indiquent les articles L. 761-1 du code de justice administrative et 37 de la loi du 10 juillet 1991. Cela précise que l’Etat doit verser des frais à l’avocat sous réserve qu’il renonce à percevoir une partie de la somme.
Interprétations et citations légales
- Code de la construction et de l'habitation - Article L. 821-1 : Cet article définit les aides personnelles au logement, précisant que l'aide personnalisée au logement est incluse parmi ces aides. La nature de ces aides justifie leur gestion rigoureuse, incluant des procédures spécifiques pour le remboursement d'indus.
- Code de la sécurité sociale - Article L. 553-2 : Cet article stipule que « tout paiement indu de prestations familiales est récupéré… », mais autorise des dérogations dans certaines circonstances, notamment en cas de précarité du débiteur. Cela s'inscrit dans un principe de protection des allocations sociales et exige une étude approfondie des situations individuelles des allocataires.
- Code de la construction et de l'habitation - Article L. 825-3 : Précise que « le directeur de l'organisme payeur statue… sur les demandes de remise de dettes présentées à titre gracieux… », indiquant que les décisions liées aux remises gracieuses doivent être prises sur la base du contexte économique et social des demandeurs.
Cette décision marque une importante clarification sur le rôle du juge administratif et rappelle l'importance d'une analyse approfondie dans l'examen des recours relatifs aux aides sociales et au logement.