Résumé de la décision
Cette décision concerne un appel de Mme A... H..., maire sortante de la commune de Boistrudan, suite à l'annulation par le tribunal administratif de Rennes de l'élection d'un conseiller municipal, M. E... B..., lors d'élections tenues le 15 mars 2020. Le tribunal a annulé l'élection de M. B... car tous les bulletins attribuant des voix à Mme G... F... avaient été considérés comme nuls. La requérante conteste cette annulation en soutenant que le tribunal aurait dû annuler l'élection de tous les conseillers élus au lieu d'un seul. La décision finale du Conseil d'État rejette la requête de Mme H..., confirmant la régularité de l'annulation du vote pour M. B....
Arguments pertinents
1. Régularité du jugement : Le tribunal a jugé de manière valide, en considérant qu'il n'était pas nécessaire d'annuler toutes les élections alors qu'il était saisi d'une demande d'annulation concernant un seul conseiller. "La circonstance que le tribunal administratif ait annulé l'élection d'un seul conseiller municipal [...] n'est pas, par elle-même, de nature à entacher son jugement d'irrégularité."
2. Désignation des candidats sur les bulletins : Le refus de comptabiliser les votes pour Mme G... F... au motif que les bulletins contenaient son nom de femme mariée n’est pas justifié. "La requérante n'est pas fondée à soutenir que les bulletins de vote au nom de F..., [...] auraient comporté une désignation insuffisante de la candidate."
3. Contexte électoral : La décision prend en compte la taille de la commune et la notoriété de la candidate sous son nom de femme mariée. "Compte tenu de la taille de la commune [...] et de la circonstance que Mme F... avait déjà été élue [...] sous ce nom."
Interprétations et citations légales
1. Réglementation sur les déclarations de candidature :
- Code électoral - Article L.255-4 : Précise qu'une déclaration de candidature est obligatoire pour tous les candidats et énonce les exigences, notamment le nom sous lequel ils se présentent. Le tribunal a établi que la signature sur les bulletins de vote ne devait pas nécessairement correspondre au nom sous lequel la candidate s'était déclarée, surtout dans le contexte où ce nom était connu des électeurs.
2. Conditions de validité des bulletins :
- Code électoral - Article L.66 : Indique que les bulletins de vote ne peuvent être pris en compte que si leur contenu est suffisant pour identifier le candidat. La décision montre que, indépendamment de l'appellation utilisée, il ne pouvait être prouvé qu'elle aurait induit les électeurs en erreur.
3. Règles sur le dépouillement :
- Code électoral - Article R.30 : Exclut les bulletins contenant des noms autres que ceux des candidats. Le tribunal a interprété que cela ne s'applique pas dans le cas où les électeurs sont en mesure d'identifier clairement le candidat malgré l'emploi d'un nom différent pour le vote.
En conclusion, cette décision illustre l'importance d'une interprétation libérale des règlements électoraux, tenant compte du contexte et de la connaissance des électeurs sur les candidats, afin d'assurer l'équité des élections.