Résumé de la décision
M. B..., gardien de la paix stagiaire en Seine-Saint-Denis, a été suspendu de ses fonctions par le ministre de l'intérieur suite à des poursuites pénales pour viol. Malgré des demandes de réintégration, celles-ci ont été rejetées par sa hiérarchie. M. B... a contesté cette décision en référé devant le tribunal administratif, qui a rejeté sa demande de suspension de l'exécution de la décision. M. B... a alors formé un pourvoi en cassation, soutenant que le juge des référés avait commis une erreur en considérant le courrier de rejet comme non constitutif d'une décision faisant grief. Le Conseil d'État a finalement annulé l'ordonnance du 7 août 2020 et a rejeté la demande de suspension de M. B... pour non-fondement juridique.
Arguments pertinents
1. Sur le caractère de la décision : Le juge des référés a considéré que le courrier du 10 juin 2020, informant M. B... du rejet de ses demandes, ne constituait pas une décision faisant grief. Cependant, le Conseil d'État a constaté que cette interprétation dénaturait le contenu du courrier, qu'il était demandé de notifier à M. B..., car il opérait en réalité un rejet explicite de sa demande de réintégration.
> « ...alors qu'il résulte des termes de ce courrier... que l'autorité hiérarchique compétente avait rejeté ses demandes de réintégration, le juge des référés du tribunal administratif a dénaturé les pièces du dossier qui lui était soumis. »
2. Sur le fondement de la décision : Bien que M. B... ait soutenu que la décision était insuffisamment motivée et prise incompétemment, le Conseil d'État a conclu que ces éléments ne créaient pas de doute sérieux quant à la légalité de la décision contestée.
> « Aucun de ces moyens n'est nature, en l'état de l'instruction, à créer un doute sérieux quant à la légalité de la décision contestée. »
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-1 du Code de justice administrative : Cet article précise que le juge des référés peut suspendre l'exécution d'une décision administrative si deux conditions sont remplies : il doit y avoir urgence et un moyen de droit sérieusement contestable. Ici, le Conseil d'État a appliqué cette disposition en reconsidérant le caractère faisant grief de la décision de rejet.
> „Quand une décision administrative, même de rejet, fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision...“
2. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Cet article traite des frais engagés dans le cadre des litiges devant le juge administratif. Par le rejet de sa demande, M. B... n'a pas pu obtenir l'indemnisation de ses frais de justice.
La décision finale du Conseil d'État a été ainsi rendue au regard de la structure de la décision de rejet de la hiérarchie de M. B..., affirmant que le magistrat inférieur avait mal interprété le caractère de cette décision en concluant qu’elle n’était pas susceptible de grief.