Résumé de la décision
Dans cette affaire, la commune de Floirac conteste un arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux annullant l'arrêté du 23 juin 2014, par lequel le maire avait mis en demeure la société Embe d'effectuer des travaux de mise en sécurité sur ses terrains. La cour a jugé que cette mise en demeure avait été prise en méconnaissance de la procédure contradictoire prévue par l'article 24 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000. Le Conseil d'État, après examen, a rejeté le pourvoi de la commune, confirmant la décision de la cour administrative d'appel et condamnant la commune à verser 3 000 euros à la société Embe.
Arguments pertinents
1. Sur le respect de la procédure contradictoire : Le Conseil d'État a confirmé que l'arrêté de mise en demeure de la société Embe avait bien le caractère d'une décision administrative nécessitant le respect de la procédure contradictoire. Selon le Conseil, la cour n’a pas commis d'erreur en estimant que l'arrêté n'était pas intervenu sur demande de la société Embe, mais constituait une mesure de police soumise à l'article 24 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000.
> "En jugeant que l'arrêté litigieux n'était pas intervenu sur demande de la société Embe [...] la cour n'a pas dénaturé les pièces du dossier."
2. Sur l'information préalable : Le Conseil d'État a également statué que les communications antérieures de la commune n’avaient pas suffisamment informé la société Embe des prescriptions exactes que le maire souhaitait imposer. La cour a correctement conclu à la méconnaissance des droits de la société, qui devait être informée et capable de présenter ses observations.
> "En estimant que ni les demandes adressées à la société Embe [...] n'avaient informé la société [...] de la teneur exacte des prescriptions que le maire entendait lui imposer, la cour n'a pas dénaturé les pièces du dossier."
3. Sur la garantie de la procédure contradictoire : Le Conseil d'État a soutenu que la mise en œuvre de la procédure contradictoire est une garantie essentielle pour les droits des administrés. La cour a constaté que cette garantie avait été méconnue, entraînant ainsi l'irrégularité de l'arrêté.
> "En jugeant que la mise en œuvre de la procédure contradictoire [...] constituait une garantie pour la société Embe [...] la cour n'a ni insuffisamment motivé son arrêt ni commis d'erreur de droit."
Interprétations et citations légales
Le cœur du litige repose sur l'interprétation de l'article 24 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000, qui stipule les exigences de la procédure contradictoire pour les décisions administratives. Cet article impose que "les décisions individuelles qui doivent être motivées [...] n'interviennent qu'après que la personne intéressée a été mise à même de présenter des observations écrites et, le cas échéant, sur sa demande, des observations orales."
- Loi n° 2000-321 - Article 24 : Cet article conditionne la prise de décision administrative à l’information préalable et à la possibilité d’observation pour les personnes concernées.
Le Conseil d'État a appliqué cette disposition en raisonnant que la société Embe devait être préalablement avisée et informée de la nature exacte des prescriptions envisagées par la commune, pour garantir ses droits. La décision réaffirme l'importance de la procédure contradictoire dans le cadre des mesures administratives, renforçant ainsi la protection des droits des administrés face à l'administration.
Ainsi, le Conseil d'État a conclu que la procédure n'avait pas été respectée et a confirmé l'irrégularité de l'arrêté en question, ne laissant pas de place à la commune pour demander l’annulation de l’arrêt de la cour administrative d’appel.