Résumé de la décision
La commission de médiation de Paris a reconnu M. A... comme prioritaire et devant être relogé en urgence à partir du 26 septembre 2014. Suite à l'inaction du préfet, M. A... a saisi le tribunal administratif, qui a initialement condamné l'État à lui verser une somme modeste de 150 euros pour l'absence de relogement. M. A... a fait appel de cette décision, et le Conseil d'État a finalement annulé le jugement du tribunal administratif, a condamné l'État à verser 600 euros à M. A... pour le préjudice subi, et a ordonné le versement de 3 000 euros au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a estimé que la responsabilité de l'État était engagée en raison de sa non-exécution des décisions de la commission de médiation, en précisant que celle-ci ne pouvait être limitée par des préférences de localisation exprimées par le requérant. Le tribunal a souligné : « il incombe au représentant de l'Etat dans le département de définir le périmètre au sein duquel le logement à attribuer doit être situé, sans être tenu par les souhaits de localisation formulés par l'intéressé ».
Une erreur de droit a été identifiée dans le jugement antérieur, car le tribunal avait jugé que la responsabilité de l'État ne pouvait être engagée après une date mentionnée par M. A... pour indiquer ses préférences, alors que le préfet devait agir selon ses compétences.
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État a interprété les dispositions de la loi comme suit :
- Code de la construction et de l'habitation - Article L. 441-2-3 (alinéa VII) : Cet article précise que l'État doit assurer le relogement des personnes reconnues prioritaires en urgence, sans se laisser influencer par leurs préférences de localisation, ce qui renforce l'obligation d'agir du préfet.
- Code de la construction et de l'habitation - Articles R. 441-16-1 et R. 441-16-3 : Ces articles stipulent que seul un refus, sans motif impérieux, d'une offre de logement adaptée peut entraîner la perte du bénéfice de la décision de la commission de médiation. En conséquence, le Conseil d'État a « jugé que la responsabilité de l'Etat à raison de la non exécution de la décision de la commission de médiation ne pouvait être engagée postérieurement » à la date mentionnée dans le jugement initial.
Cette décision confirme que l’État doit respecter ses obligations légales envers les individus en situation de précarité, notamment en matière de logement, et que les préférences exprimées par les bénéficiaires ne doivent pas être un obstacle à leur droit au relogement.