Résumé de la décision
La cour administrative d'appel a été saisie d'un pourvoi par l'association des propriétaires riverains du chemin du Collet Redon contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Marseille. Cette décision contestait l'approbation d'un projet de construction d'une maison par M. et Mme B... en raison de la non-conformité avec les règles de construction et d'assainissement précisées dans le plan local d'urbanisme de la commune de Rocbaron. Le Conseil d'État annule l'arrêt attaqué, constatant une erreur de droit commise par la cour d'appel en ne respectant pas les critères de superficie minimale imposés par le règlement de l'urbanisme. De plus, il condamne la commune et les demandeurs à verser chacun 1 500 euros aux plaignants au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit dans l'interprétation des règles d'urbanisme : Le Conseil d'État souligne que la cour d'appel a erronément considéré la superficie totale de la parcelle à construire avant division, ce qui contrevient à l'article UD 4 du plan local d'urbanisme. Cet article prévoit que "la surface du terrain sera au minimum de 2000 m²" pour permettre un système d'assainissement adéquat. En conséquence, le critère d'appréciation d'ensemble énoncé dans l'article R. 123-10-1 du code de l'urbanisme ne doit pas être appliqué lorsque des règles spécifiques s'y opposent.
2. Conséquences du non-respect des normes d'assainissement : Le respect des règles de superficie minimale est crucial pour assurer le bon fonctionnement des systèmes d'assainissement individuel, ce qui justifie leur statut de règle impérative à respecter dans chaque projet individuel.
Interprétations et citations légales
1. Application de l'article R. 123-10-1 du code de l'urbanisme : Cet article stipule que "dans le cas d'un lotissement ou dans celui de la construction, sur un même terrain, de plusieurs bâtiments (...) les règles édictées par le plan local d'urbanisme sont appréciées au regard de l'ensemble du projet, sauf si le règlement de ce plan s'y oppose." Cette disposition permet de considérer l'ensemble du projet d’aménagement lorsqu’il n’y a pas de règles spécifiques contradictoires. Toutefois, le Conseil d'État souligne que l'existence d'une règle de superficie minimale (article UD 4) en matière d’assainissement implique de traiter chaque cas individuellement, ce qui a été méconnu par la cour d'appel.
2. Importance des normes d'assainissement : La règle de superficie minimale est destinée à assurer le bon fonctionnement des systèmes d'assainissement non collectif, une exigence définie par l'arrêté ministériel du 6 mai 1996. La cour rappelle que ces normes doivent être respectées pour éviter les problèmes d’assainissement qui pourraient survenir si des constructions sont régulièrement autorisées sur des terrains trop petits.
En résumé, la décision met en lumière la nécessité de respecter les spécificités des règles d'urbanisme qui s'opposent à une appréciation globale d’un projet. Cela souligne également l'importance de la conformité avec les normes d'assainissement pour le cadre légal de l'urbanisme.