Résumé de la décision
Le Syndicat national pénitentiaire Force ouvrière a demandé l'annulation du décret du 10 mai 2017 qui modifie les statuts particuliers de divers corps de l'administration pénitentiaire, arguant qu'il y avait méconnaissance d'un certain nombre de principes juridiques. La décision rendue par le Conseil d'État, après avoir examiné les arguments présentés, a rejeté la requête du syndicat et a confirmé la légalité du décret attaqué. Les conclusions au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, qui visent à obtenir un remboursement des frais engagés, ont également été rejetées.
Arguments pertinents
1. Inopérabilité du protocole : Le Conseil d'État a souligné que les stipulations du protocole concernant les parcours professionnels et rémunérations ne peuvent pas être utilisées pour contester un texte réglementaire. Par conséquent, le moyen tiré de la méconnaissance de ce protocole a été jugé inopérant.
> "Les stipulations du protocole [...] ne peuvent être utilement invoquées à l'encontre d'un texte réglementaire. Par suite, le moyen tiré de sa méconnaissance ne peut qu'être écarté comme inopérant."
2. Principe d'égalité de traitement : La décision rappelle que le principe d'égalité s'applique principalement aux agents d'un même corps. En ce sens, le fait que le décret ne concerne pas tous les corps de l'administration pénitentiaire ne constitue pas une violation.
> "Le principe d'égalité de traitement [...] n'est [...] que pour les agents d'un même corps."
3. Différenciation des situations : En ce qui concerne les agents détachés dans des emplois antérieurs, le Conseil d'État a précisé que ces agents ne sont pas dans la même situation que les autres potentiels candidats au nouvel emploi de directeur fonctionnel des services pénitentiaires.
> "Les fonctionnaires qui ont déjà été détachés [...] ne sont pas placés dans la même situation que les autres agents susceptibles d'être nommés à l'avenir."
Interprétations et citations légales
1. Interprétation du protocole : Le Conseil d'État a établi que le protocole relatif aux parcours professionnels ne s'applique pas dans ce contexte, renforçant ainsi le principe de séparation entre les accords conclus et la réglementation. Cette interprétation met en avant la distinction entre les engagements pris dans le cadre d'un dialogue social et les textes réglementaires qui ont force obligatoire.
2. Applicabilité du principe d'égalité : L'application du principe d'égalité définie dans la déontologie de la fonction publique montre que ce dernier est limité aux situations similaires au sein d'un même corps. Cela a été renforcé par une analyse des dispositions relatives à l'accès aux emplois fonctionnels.
3. Textes réglementaires concernés : La décision se fonde sur plusieurs textes, parmi lesquels :
- Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983, qui institue les droits et obligations des fonctionnaires.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1, qui traite des frais engagés dans le cadre des recours contentieux.
- Décret n° 2017-99 du 27 janvier 2017, qui fixait les modalités d'application du statut des personnels pénitentiaires.
Dans l'ensemble, le Conseil d'État a confirmé la légalité du décret contesté, en s'appuyant sur des interprétations rigoureuses de la réglementation et une application précise des principes d'égalité et d'opposabilité des textes.