Résumé de la décision
La décision concerne une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par l'Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (UNICEM) et l'Union nationale des producteurs de granulats (UNPG) sur les dispositions de l'article L. 112-1-3 du code rural et de la pêche maritime. Ces dispositions imposent au maître d'ouvrage de prendre en charge des mesures de compensation collective pour les projets ayant des conséquences négatives sur l'économie agricole. Le Conseil d'État a jugé que la question soulevée ne présentait pas un caractère sérieux et n'était pas nouvelle, décidant ainsi de ne pas renvoyer la QPC au Conseil constitutionnel.
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Arguments pertinents
1. Liberté d'entreprendre : L'UNICEM et l'UNPG ont soutenu que l'imposition des mesures de compensation collective portait atteinte à la liberté d'entreprendre, garantie par l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Toutefois, le Conseil d'État a affirmé que le législateur pouvait établir des limitations à cette liberté en raison de l'intérêt général. La décision précise : "En adoptant les dispositions [...] le législateur a entendu réduire les effets négatifs notables des projets".
2. Intelligibilité et accessibilité de la loi : Concernant l'argument sur l'incompétence négative du législateur et l'objectif d'intelligibilité et d'accessibilité de la loi, le Conseil a constaté que la diversité des mesures de compensation ne justifiait pas une obligation de précision lors de l'adoption de la loi. De plus, il a noté : "la méconnaissance de l'objectif de valeur constitutionnelle d'intelligibilité et d'accessibilité de la loi ne peut, en elle-même, être invoquée [...]".
3. Non-nouvelle question : Finalement, le Conseil d'État a estimé que la question soulevée par les requérants ne présentait pas un caractère sérieux, en déclarant qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer la question prioritaire de constitutionnalité au Conseil constitutionnel.
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Interprétations et citations légales
1. Liberté d'entreprendre : La décision évoque l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui stipule que "la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui". Cela implique que des limitations peuvent être imposées par la loi au nom de l'intérêt général et que les mesures doivent être proportionnées. Le Conseil a conclu que le législateur a été raisonnable en cherchant à préserver l'économie agricole.
2. Énoncé de l'article L. 112-1-3 du code rural et de la pêche maritime : Cet article impose que les projets ayant des conséquences négatives sur l'économie agricole fassent l'objet d'une étude préalable et de mesures de compensation, ce qui a été considéré par le Conseil d'État comme un cadre législatif légitime pour protéger l'intérêt général.
3. Incompétence négative : Le Conseil d'État a statué que l'argument associant la méconnaissance de l'intelligibilité et de l'accessibilité de la loi à une atteinte à la liberté d'entreprendre n'était pas fondé, citant que le législateur n'était pas tenu de définir précisément toutes les modalités de compensation en raison de la diversité des mesures possibles.
Conclusion
La décision du Conseil d'État souligne le principe d'équilibre entre la liberté d'entreprendre et la nécessité de préserver les intérêts collectifs, en affirmant que les dispositions contestées ne violent ni la Constitution ni le cadre législatif établi. La décision de ne pas renvoyer la question prioritaire de constitutionnalité était donc fondée sur une évaluation des principes juridiques en jeu.