Résumé de la décision
Mme B...A..., vice-présidente au tribunal de grande instance de la Réunion, a demandé l'annulation pour excès de pouvoir du décret du Président de la République du 24 mai 2018, qui nommait Mme Cécile Baudot première vice-présidente au même tribunal. Le Conseil d'État a rejeté sa requête, considérant que le décret était conforme aux procédures légales et que les critères de nomination avaient été respectés. Il a été établi que le garde des sceaux et le Conseil supérieur de la magistrature avaient correctement pris en compte les éléments pertinents pour la nomination, sans commettre d'erreur manifeste d'appréciation.
Arguments pertinents
1. Compétence du Conseil supérieur de la magistrature : Le Conseil supérieur de la magistrature a émis un avis favorable à la nomination de Mme Cécile Baudot, ce qui a été jugé suffisant pour écarter le moyen de vice de compétence. La décision précise : « le moyen tiré de ce que le décret attaqué serait, en l'absence d'avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature, entaché d'un vice affectant la compétence de son auteur ne peut qu'être écarté. »
2. Critères de nomination : Le Conseil et le garde des sceaux ont le droit de rendre publics les critères de nomination, mais cela ne doit pas conduire à des règles nouvelles qui écarteraient l'examen particulier de chaque dossier. La décision souligne que « l'application de ces critères ne saurait en aucun cas conduire à fixer des règles nouvelles ou à écarter le principe selon lequel il revient aux autorités administratives de se livrer à un examen particulier des données propres à chaque dossier. »
3. Évaluation des candidatures : La décision indique que le garde des sceaux et le Conseil supérieur de la magistrature doivent tenir compte de l'expérience, des aptitudes des candidats, et des besoins de l'institution judiciaire. Il est précisé que « le décret attaqué serait entaché d'une erreur manifeste d'appréciation » si les critères n'étaient pas respectés, ce qui n'a pas été le cas ici.
Interprétations et citations légales
1. Article 65 de la Constitution : Cet article établit la compétence du Conseil supérieur de la magistrature pour les nominations des magistrats. Il stipule que « la formation du Conseil supérieur de la magistrature compétente à l'égard des magistrats du siège fait des propositions pour les nominations des magistrats du siège à la Cour de cassation, pour celles de premier président de cour d'appel et pour celles de président de tribunal de grande instance. »
2. Ordonnance du 22 décembre 1958 - Article 28 : Cet article précise que les décrets de nomination sont pris par le Président de la République sur proposition du Conseil supérieur de la magistrature. Il est mentionné que « les décrets portant promotion de grade ou nomination aux fonctions de magistrat autres que celles mentionnées à l'alinéa précédent sont pris par le Président de la République sur proposition du garde des sceaux, ministre de la justice, après avis conforme de la formation compétente du Conseil supérieur de la magistrature. »
3. Ordonnance du 22 décembre 1958 - Article 29 : Cet article évoque la prise en compte de la situation de famille des magistrats dans les nominations, mais précise que « les dispositions de la loi du 30 décembre 1921 [...] ne sont pas applicables aux magistrats. » Cela souligne que, bien que la situation familiale soit considérée, elle ne doit pas primer sur d'autres critères de compétence.
En conclusion, la décision du Conseil d'État confirme la légalité du décret de nomination de Mme Cécile Baudot, en respectant les procédures établies et en tenant compte des critères pertinents pour la nomination des magistrats.