Résumé de la décision
Dans cette affaire, le chef d'escadron A... conteste la décision du directeur du centre de doctrine et d'enseignement du commandement de l'armée de terre, datée du 28 juin 2018, qui lui a infligé une sanction de vingt jours d'arrêts. M. A... soutient que cette décision est illégale et demande son annulation ainsi qu'une compensation financière pour préjudice moral. Le tribunal a finalement annulé la sanction, jugeant que M. A... n'avait pas suffisamment de raisons de signaler son futur beau-père, soupçonné d'agissements d'intelligence avec une puissance étrangère. Cependant, sa demande de compensation financière n'a pas été retenue faute de demande préalable à l'administration. L'État a été condamné à verser 3 000 euros à M. A... pour couvrir les frais de justice engagés.
Arguments pertinents
1. Sur l'annulation de la décision : Le tribunal souligne que "l'administration ne produit, en l'espèce, aucun élément permettant d'établir que M. A... aurait dû, en septembre 2016, eu égard aux éléments d'information alors en sa possession, nourrir des soupçons sur les activités de son futur beau-père." Cela montre que la responsabilité de signalement repose sur des éléments factuels spécifiques que l'administration n'a pas pu établir.
2. Sur la demande de réparation : Le tribunal indique que "ses conclusions tendant au versement d'une somme d'argent ne sont pas recevables, (...) faute de demande préalable adressée à l'administration." Cela souligne l'importance pour les requérants de suivre les procédures administratives pour la réparation des préjudices.
3. Sur les conclusions au titre de l'article L. 761-1 : Il est noté que "dans les circonstances de l'espèce, [il] y a lieu de mettre à la charge de l'Etat la somme de 3 000 euros" ce qui justifie l'octroi de frais de justice en raison du caractère illégal de la sanction initiale.
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de la responsabilité de l'agent : L'article L. 761-1 du Code de justice administrative stipule que "la partie qui perd est condamnée à payer à l'autre partie une somme correspondant aux frais exposés par cette dernière". Cela signifie que dans une contestation judiciaire, la question de qui doit payer les frais de justice est soumise à l'évaluation de la légalité de l'acte administratif contesté.
2. Obligation de signalement : Selon le Code de la défense, il revient aux agents des services de renseignement de "transmettre à leurs supérieurs hiérarchiques toutes les informations utiles". Cependant, le tribunal souligne que cette obligation se fonde sur une évaluation raisonnable de la situation, ce qui invalide la sanction qui ne reposait pas sur des éléments concrets à la disposition de M. A... : "l’inaction reprochée à M. A... en l'absence de tout élément en ce sens produit par l'administration", ce qui indique que la charge de la preuve incombe à l'administration.
3. Procédure de demande préalable : La nécessité d'une demande préalable avant de solliciter des dommages-intérêts est ancrée dans le principe d'administration responsable et permet à celle-ci de rectifier éventuellement ses erreurs. Cela est renforcé par le fait que "le surplus des conclusions de M. A... est rejeté", illustrant que l'absence de demande administrative initiale ne peut pas donner lieu à des réclamations financières au tribunal.
Ces points montrent comment le tribunal a navigué entre la nécessité de respecter les procédures administratives et la protection des droits des agents publics dans le cadre de leur service.