Résumé de la décision
M. A..., ressortissant angolais, a présenté une demande d'asile en France, qui a été instrumentée par une demande de transfert vers le Portugal, acceptée par les autorités portugaises. Après plusieurs démarches administratives et un recours contentieux, le juge des référés du tribunal administratif a suspendu une décision de rejet d'une demande de titre de séjour en raison de la santé de M. A..... Cette ordonnance a ensuite été attaquée par le ministre de l'Intérieur devant le Conseil d'État, qui a annulé l'ordonnance du juge des référés, considérant qu'il n'y avait pas d'urgence à reconsidérer la demande de titre de séjour.
Arguments pertinents
1. Condition d'urgence : Le Conseil d'État a souligné que le juge des référés doit apprécier la condition d'urgence en fonction de la situation concrète du requérant. Il a constaté que M. A... n'a pas démontré de circonstances particulières justifiant une urgence, malgré son état de santé dégradé.
> "Cette condition d'urgence sera en principe constatée dans le cas d'un refus de renouvellement de titre de séjour, comme d'ailleurs d'un retrait de celui-ci. Dans les autres cas, il appartient au requérant de justifier de circonstances particulières caractérisant la nécessité pour lui de bénéficier à très bref délai d'une mesure provisoire..."
2. Évaluation de la légalité de la décision : Le juge des référés aurait dû constater s’il y avait un risque réel pour la santé de M. A... en cas de transfert au Portugal, ce qui n’a pas été étayé par le dossier.
> "Il ne ressortait des pièces du dossier [...] ni que l'intéressé risquait d'être privé des soins qui lui sont nécessaires au Portugal, [...] ni que ce transfert pouvait conduire à l'aggravation de son état de santé..."
3. Refus des conclusions : Par conséquent, le Conseil d'État a jugé que le juge des référés a dénaturé les pièces du dossier, et a décidé de rejeter la demande de suspension effectuée par M. A....
> "Il suit de là que, sans qu'il soit besoin de se prononcer sur l'existence de moyens propres à créer un doute sérieux quant à la légalité de la décision contestée, la demande présentée par M. A... [...] doit être rejetée..."
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 604/2013 : Ce règlement, souvent dénommé "règlement de Dublin", établit les critères de détermination de l'État responsable de l'examen d'une demande d'asile. L'arrêté de transfert vers le Portugal en vertu de ce règlement a été fondamental dans la décision finale, car il établissait la légitimité juridique du transfert de M. A....
2. Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Cet article stipule les conditions sous lesquelles un juge des référés peut ordonner la suspension d'une décision administrative. Il souligne la nécessité d'établir l'urgence et la légalité douteuse des décisions contestées.
> "Quand une décision administrative, même de rejet, fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés, [...] peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision."
3. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Bien que cet article ne soit pas spécifiquement cité, il encadre globalement les questions de séjour des étrangers en France, y compris les demandes d'asile et de titre de séjour.
En somme, la décision souligne l'importance d'une évaluation rigoureuse des conditions d'urgence et de légalité lors des demandes de suspension de décision administrative, en particulier dans des contextes liés au droit d'asile.